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Sclérose en plaques

Sclérose en plaques : des traitements en amélioration continue

La sclérose en plaques est la première cause de handicap chez le jeune adulte. Si la maladie n’est toujours pas curable, les traitements actuels permettent néanmoins de stabiliser l’état des patients. Le point avec le Dr Rozy Ikazabo, cheffe de service en neurologie au CHWapi.

Texte : Philippe Van Lil – Photos : privé

Maladie auto-immune

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune inflammatoire du système nerveux central. Elle est responsable de lésions focales dans le cerveau et la moelle épinière. En règle générale, des périodes de poussée se succèdent avec des phases de rémission, mais elle est globalement évolutive : sur le long terme, ces lésions inflammatoires engendrent de la neurodégénérescence.

Dr Rozy Ikazabo : « La maladie cause donc un handicap sévère si elle n’est pas prise en charge rapidement. En Belgique, on estime le nombre de personnes atteintes à environ 13 500. Dans la plupart des cas, la maladie se déclare entre 20 et 40 ans, mais apparaît parfois dès l’enfance ou à un âge plus tardif. »

Symptômes très divers

Les symptômes de la maladie sont très divers : moteurs, sensitifs, visuels, cognitifs… « La sclérose en plaques peut perturber le sens de l’équilibre, créer des problèmes d’incontinence, entraîner une plus grande fatigabilité, provoquer des douleurs chroniques neurogènes, etc », précise le Dr Ikazabo.

Certains patients sont aussi victimes d’atrophie cérébrale. Alors que chez un individu normal, le phénomène de diminution du volume cérébral est limité entre 0,1 à 0,3 % par an, il atteint de 0,5 à 1,3 % chez le patient atteint de sclérose en plaques.

Dr Ikazabo : « Par comparaison, dans la maladie d’Alzheimer, cette perte s’élève à 1,9 %. L’impact cognitif se traduit notamment par des troubles de la mémoire. Cette atrophie peut également aggraver la progression du handicap, avec des répercussions sur la marche. »

Dr Rozy Ikazabo, cheffe de service en neurologie au CHWapi.

Stabiliser l’état du patient

L’objectif du personnel soignant est de stabiliser l’état du patient le plus longtemps possible et donc d’éviter une aggravation du handicap.

« Pour établir le traitement, les médecins prennent en compte quatre paramètres : l’aggravation du handicap et les absences de poussées, d’atrophie et de nouvelles lésions. À l’avenir, on espère également pouvoir tenir compte du taux de neurofilaments, qui traduit une perte axonale – un axone est un prolongement du neurone. » explique le Dr Ikazabo.

Jusqu’en 2004, il n’existait que cinq traitements : quatre de 1re ligne et un seul de 2e ligne, c’est à-dire destinés aux formes plus avancées ou plus sévères. Ces traitements, en particulier celui de 2e ligne, étaient malheureusement assortis d’effets secondaires importants. Jusqu’en 2018, il n’existait en outre aucun traitement pour la forme la plus agressive de la maladie, dite « primaire progressive ».

Traitements plus nombreux

Depuis 2018, le nombre de traitements est passé à treize avec, pour la première fois, un médicament efficace pour la forme primaire progressive.

Dr Ikazabo : « Pendant longtemps, ces traitements ne sont restés disponibles que sous une forme injectable ; les patients devaient se l’administrer eux-mêmes. À long terme, même si l’on sélectionnait des zones différentes pour les piqûres, la probabilité de lésions cutanées augmentait fortement. Un autre effet secondaire indésirable consistait en un syndrome grippal qui apparaissait le jour-même des injections. »

Depuis 2018, le nombre de traitements pour la SEP est passé à treize avec un médicament efficace pour la forme primaire progressive.

Depuis 2014, il existe des médicaments de 1re ligne sous forme orale. Ceux-ci évitent aux patients de souffrir de la plupart des effets secondaires liés aux injections.

Perspectives de la recherche

« Actuellement, les recherches se poursuivent selon deux axes pour augmenter l’efficacité des traitements. D’une part, les scientifiques tentent d’identifier de nouveaux critères pour établir un diagnostic plus précoce, ce qui entraînerait une prise en charge plus rapide et une plus forte probabilité de stabiliser la maladie sur une période plus longue. »

« D’autre part, les chercheurs tentent de développer des médicaments capables d’exercer un effet de remyélinisation, c’est-à-dire la régénérescence de la myéline, la gaine qui entoure les axones des neurones dans le système nerveux central et périphérique. » conclut le Dr Ikazabo.


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