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Femmes séropositives : la grossesse, c’est possible !

Aujourd’hui, la séropositivité n’est plus un obstacle insurmontable pour les femmes désireuses d’avoir un enfant. Un suivi médical adapté s’impose toutefois, comme le souligne le Dr Déborah Konopnicki, Chef de Clinique au CHU Saint-Pierre, services de Médecine Interne et des Maladies Infectieuses.

Texte : Philippe Van Lil

Quel type de guidance offrez-vous aux femmes séropositives enceintes ou désireuses de l’être ?

Dr Déborah Konopnicki.
Dr Déborah Konopnicki, Chef de Clinique au CHU Saint-Pierre.

Déborah Konopnicki : « Nous abordons le sujet dès les premières consultations avec toutes les femmes en âge de procréer. On demande à la patiente si elle a un moyen de contraception ou si elle souhaite tomber enceinte. Nous abordons tous les aspects liés à la grossesse et au risque de transmission de la maladie. »

« On intègre la consultation de gynécologie au sein même de la consultation des maladies infectieuses. Cela met la patiente plus à l’aise et facilite aussi les échanges entre les différents médecins qui prennent soin de la patiente. »

Cela concerne combien de patientes en moyenne ?

D. K. : « Entre 50 et 70 femmes séropositives accouchent chaque année à Saint-Pierre. Pour les prendre en charge, nous disposons d’une équipe pluridisciplinaire composée de gynécologues infectiologue, psychologue et assistante sociale qui suivront la patiente durant comme après sa grossesse. »

De manière générale, ces femmes reçoivent-elles suffisamment d’informations ?

D. K. : « Pour notre part, nous avons édité une brochure ‘Grossesse et VIH’, nous disposons de groupes psycho-éducationnels pour tous nos patients mais aussi de 6 journées par an uniquement pour les femmes vivant avec le VIH afin d’instaurer un sentiment de confiance plus grand. Ici, les sujets sont choisis par les femmes elles-mêmes et traités à la fois de manière théorique et via des ateliers. Les échanges entre les patientes y constituent aussi une source de soutien mutuel. »

Les études ont montré que les femmes avaient plus d’effets secondaires de la trithérapie. Il faut donc être vigilant et les suivre de près.

Parmi les femmes porteuses du VIH, y a-t-il des groupes plus à risque en cas de grossesse ?

D. K. : « Nous avons une population très vulnérable de migrants, parfois en situation illégale. Ces gens vivent dans une grande insécurité et doivent parfois dormir au SAMU social ou à la Gare centrale, ce que je n’avais jamais vu en 25 ans ! Mais les seules causes d’arrêt ou d’interruption de traitement concernent les gens qui n’ont pas réussi à arriver jusqu’à nous. »

Et d’un point de vue médical ?

D. K. : « Il y a l’aspect important de la toxicité et de la pharmacocinétique des antirétroviraux. Lorsque l’on prend un médicament, il ne se répartit pas de la même façon si l’on fait 50 kg et 1,50 m ou si l’on fait 120 kg et 2 m. La plupart des études sont faites avec des hommes d’origine caucasienne. Or, nous avons plutôt des femmes originaires d’Afrique subsaharienne, donc génétiquement, physiologiquement et hormonalement différentes. »

« Les études ont d’ailleurs montré que les femmes avaient plus d’effets secondaires de la trithérapie. Il faut donc être vigilant et suivre de près ces femmes avec des consultations plus fréquentes durant la grossesse. »


Cet article a été réalisé à la demande
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