Nul doute sur ce point : la pandémie de Covid-19 et les mesures qui l’ont accompagnée ont eu un impact considérable sur nos soins de santé. Parmi les victimes collatérales, la prise en charge des patients atteints du VIH, qui s’en est vue chamboulée.
Texte : Maria-Laetitia Mattern
Point de vue de Thierry Martin, directeur de la Plateforme Prévention SIDA.
Thierry Martin
directeur
Plateforme Prévention SIDA
Quelles ont été les conséquences de la Covid-19 et de ses mesures quant au suivi des patients séropositifs ?
Thierry Martin : « Dans une enquête menée par la Plateforme Prévention SIDA, 49 % des répondants ont déclaré avoir eu un ou plusieurs rendez-vous annulé pendant le confinement. De nombreux patients séropositifs n’ont ensuite pas osé reprendre contact avec les centres de référence VIH, par peur de déranger ou par crainte de se rendre à l’hôpital et de risquer d’être contaminé à la Covid-19. Cela a entrainé des conséquences parfois négatives sur leur santé puisque 39 % des répondants affirment avoir eu des problèmes de santé pendant cette période, qui n’ont pas pu être soignés. Or les centres de références VIH ont fait leur possible pour mettre en place un suivi médical aussi bien par téléphone que physique. »
Quelles ont été les personnes les plus fragilisées par la situation ?
Thierry Martin : « À la Plateforme Prévention SIDA, nous sommes en contact avec la frange la plus vulnérables des patients séropositifs. Ces personnes sont généralement d’origine étrangère, confrontées à des situations financières difficiles et souvent plus isolées. Or les confinements ont renforcé leur isolement. Certains ont perdu leurs sources de revenu ou ont vu leur situation administrative s’empirer. Pour certains, le soutien de notre Plateforme était parfois le seul contact –même virtuel – qu’ils avaient avec autrui. Certains ont perdu pied.
Que ce soit le risque de contamination, les questions quant aux traitements ou la crainte d’une pénurie de traitement : au début de la pandémie, l’anxiété vis-à-vis de la Covid-19 était particulièrement vive au sein de la communauté séropositive. Ces craintes se sont poursuivies vis-à-vis du vaccin. Nous tentons d’informer les patients au mieux, de les encourager à se faire vacciner. »
Craignez-vous un rebond de contamination au VIH ?
T.M. : « C’est certain. Nous avons encore besoin de recul à ce niveau-là mais, en 2020, le dépistage que nous faisons a été réduit de plus de moitié. Les centres de prévention ont également tourné au ralenti, des personnes ont été contaminées au VIH sans avoir la possibilité d’être dépistées. L’accès à la PrEP (Prophylaxie pré-exposition, outil préventif du VIH, ndlr.) a également été rendu extrêmement compliqué. Nous nous attendons donc à une recrudescence prochaine des contaminations au VIH. »
BE-UNB-0123 – Date of Preparation August 2021
Avec le soutien de Gilead Sciences.