La crise sanitaire a entraîné une hausse significative des demandes de prise en charge psychologique. Les traitements sont aussi plus intenses et plus longs. Les services de soins psychologiques restent toutefois handicapés par le manque de moyens. Quentin Vassart, Président de l’UPPCF – Union professionnelle des psychologues cliniciens francophones.
Avant même l’apparition du Covid-19, une grande partie de la population se trouvait déjà en situation de souffrance mentale. La crise sanitaire n’a fait qu’amplifier des problèmes latents. La problématique du Covid long et les traumatismes vécus par le personnel soignant sont également des facteurs aggravants. La détresse psychique exige aussi une prise en charge bio-psycho-sociale, d’où la nécessité pour les professionnels de la santé mentale d’œuvrer au sein d’équipes pluridisciplinaires pour traiter les patients.
Des moyens supplémentaires mais insuffisants
Face à tous ces problèmes, les autorités publiques ont débloqué, dès le début de la crise, des fonds supplémentaires à destination, par exemple, des services de santé mentale. Cette démarche indispensable est toutefois d’une ampleur nettement insuffisante.
La santé mentale ne représente que 2 % du budget global de l’INAMI, alors que 40 % de la population vit un épisode anxieux ou dépressif à un moment ou à un autre.
Avant la crise, les soins psychologiques étaient déjà chroniquement sous-financés. La santé mentale ne représente que 2 % du budget global de l’INAMI, alors que 40 % de la population vit un épisode anxieux ou dépressif à un moment ou à un autre. Le décalage entre les moyens et la demande est donc manifeste.
Ce n’est pas la seule difficulté. Il y a aussi la complexité de la « lasagne institutionnelle » et les lourdeurs administratives. D’un côté, il y a une absence d’intégration entre les projets lancés çà et là, d’où un manque de visibilité et de financements associés. De l’autre, les budgets supplémentaires prévus pour renforcer les services de santé mentale dans le cadre de la crise n’ont pu être débloqués qu’après six mois et n’étaient prévus que pour un an.
Ne pas hésiter à consulter un professionnel
La crise sanitaire perdure et il ne fait aucun doute que les problèmes de santé mentale vont s’aggraver. Il existe toujours un décalage entre le moment où les traumatismes sont vécus et celui où les gens font la démarche de consulter un professionnel. Demander de l’aide est souvent stigmatisé. Fréquemment, cela engendre de la honte ou la culpabilité. Il ne faut cependant pas se laisser dominer par de tels sentiments.