Bien que très diversifié, le secteur de la santé mentale est la plupart du temps saturé en Belgique. En dépit de besoins toujours plus élevés, il fait l’objet depuis de nombreuses années d’un sous-investissement chronique. Yahyâ Hachem Samii, Directeur De la Ligue Bruxelloise pour la santé mentale.
On ne dispose pas de statistiques officielles sur la santé mentale. Toutefois, les recherches universitaires et les observations des professionnels de terrain confirment la hausse des appels à l’aide consécutifs à la pandémie. La Ligue bruxelloise pour la santé mentale avait déjà lancé l’alerte il y a deux ans auprès des autorités. Le manque de places disponibles pour venir en aide à ceux qui en ont besoin s’accentue, ce qui ne fait que renforcer leur sentiment d’abandon.
Le manque de places disponibles pour venir en aide à ceux qui en ont besoin s’accentue, ce qui ne fait que renforcer leur sentiment d’abandon.
Globalement, on continue d’envisager la santé mentale comme une question individuelle. À chacun d’identifier les moyens pour aller mieux : thérapie, technique de relaxation ou autre. Toutefois, la dimension collective de la santé mentale est bien présente. Sans parler déjà de son impact socio-économique sur les entreprises et sur le secteur des soins de santé, nous sentons tous intuitivement que la crise sanitaire, la crise économique, les guerres, etc., ont un impact sur la santé mentale de nombreux individus.
Libération de la parole
Aujourd’hui, il faudrait remettre en question nos modes d’organisation de la société, entre autres dans le monde du travail. Ils sont générateurs de grandes souffrance pour beaucoup. Le phénomène du burnout, par exemple, a atteint une telle ampleur qu’on ne peut plus continuer à masquer son origine systémique.
La pandémie a eu pour effet que le terme de « santé mentale » a cessé d’être un gros mot.
La pandémie a eu cependant pour effet que le terme de « santé mentale » a cessé d’être un gros mot. Elle a permis notamment à de nombreuses personnes de faire leur « coming out » en évoquant leurs problèmes et en partageant leur expérience. De ce fait, elle a pu aussi atténuer la stigmatisation des individus victimes de certains déséquilibres mentaux. Tout ceci leur permet de mieux s’en sortir.