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Neurologie

Spasticité : l’enjeu de la détection précoce

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La spasticité, une forme de raideur musculaire, touche bon nombre de patients atteints de lésions du système nerveux central. Souvent négligé, ce trouble est pourtant bien pris en charge lorsqu’il est diagnostiqué à temps. Explications des docteurs Yumiko Glibert et Maxime Valet, du Service de Médecine physique et Réadaptation au Grand Hôpital de Charleroi.

Dr Maxime Valet

Service de Médecine physique et Réadaptation

Grand Hôpital de Charleroi

Dr Yumiko Glibert

Service de Médecine physique et Réadaptation

Grand Hôpital de Charleroi

Qu’est-ce que la spasticité ?

Maxime Valet : «  La spasticité est une augmentation de la résistance, d’origine musculaire, à la mobilisation de certaines articulations. Elle est liée à une affection du système nerveux central (accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, tumeur cérébrale, …) et touche généralement des muscles affaiblis. La spasticité peut aider à réaliser certaines activités, mais aussi s’avérer handicapante en entravant certains mouvements, comme ouvrir la main ou tendre le bras. »

Yumiko Glibert  : «  Il s’agit d’une raideur musculaire involontaire et incontrôlable. Encore aujourd’hui, la spasticité est peu connue du public, et même des malades. Résultat, elle est souvent détectée tardivement. »

Comment se présente-t-elle, physiquement ?

M. V.  : «  La spasticité peut entraîner des troubles de la marche, des douleurs, des plaies, des difficultés à réaliser des soins d’hygiène, des troubles esthétiques… ».

Y. G. : « Certaines formes de spasticité touchent plusieurs membres du corps et entraînent des malformations du pied, du genou, de la main… D’autres, plus insidieuses, évoluent de manière invisible, tout en ayant des répercussions chez le patient. »

Pourquoi la spasticité est-elle compliquée à dépister ?

M. V. : « Souvent, la plainte du patient est clairement liée à la spasticité. Mais elle peut être plus difficile à identifier, comme lors d’un léger trouble de la marche par exemple. Dès qu’il y a lésion du système nerveux central, elle peut être présente. »

La spasticité est une augmentation de la résistance, d’origine musculaire, à la mobilisation de certaines articulations.

En quoi le diagnostic précoce est-il crucial ?

Y. G. : « Certaines spasticités peuvent survenir très tôt en cas de lésion du système nerveux central. Or, si elle n’est pas détectée à temps, le patient peut mettre en place des compensations qui risqueront d’impacter certaines activités. Un diagnostic précoce de ce trouble du tonus permet d’éviter d’évoluer vers des déformations articulaires nécessitant des traitements lourds, grâce à un suivi dans nos services de rééducation neurologique. »

Comment la spasticité est-elle prise en charge ?

Y. G. : «  Tout dépend de la présentation clinique du patient  : les cas peuvent être très divers et doivent être pris en charge de manière personnalisée. Il est indispensable que le bilan de départ soit exhaustif et réalisé par une équipe pluridisciplinaire. Nous utilisons des outils modernes, comme un laboratoire d’analyse de la marche et une plateforme de posturologie, ainsi que des échelles standardisées. Une clinique de la spasticité comme la nôtre comprend des neurologues, des neurochirurgiens, des orthopédistes, ainsi que des spécialistes en médecine physique, comme nous. En fonction des objectifs établis avec le patient, nous pouvons proposer un ou plusieurs traitements. »

Un diagnostic précoce de ce trouble permet d’éviter d’évoluer vers des déformations articulaires nécessitant des traitements lourds.

Et quels sont ces traitements ?

Y. G. : « La rééducation est presque systématiquement prescrite. Nous travaillons en collaboration avec des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes. Les prothésistes peuvent être sollicités pour appareiller les patients. Les injections de toxine botulique sont souvent proposées pour la spasticité focale. Dans certaines situations, nous pouvons également proposer des neurotomies, qui consistent à sectionner une partie du nerf pour diminuer la spasticité. Il existe aussi des solutions orthopédiques, comme les transferts tendineux, les ténotomies (section d’un tendon), s’il y a une rétraction importante. En cas de spasticité très généralisée et handicapante, nous pouvons proposer que soit implantée une pompe à baclofène, qui délivre un médicament directement dans le liquide rachidien. »

M. V.  :  «  Il existe aussi d’autres médicaments, administrés par voie orale, en cas de spasticité généralisée.  Tous ces traitements doivent s’accompagner de rééducation. »

| Cet article a été rendu possible grâce au soutien d’Ipsen nv.

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