Perdre ses cheveux peut sembler, pour beaucoup, un problème purement esthétique. Mais l’alopécie areata (AA) communément appelée pelade est bien plus qu’un changement d’apparence : c’est une maladie auto-immune chronique qui touche le système immunitaire et entraîne la destruction des follicules pileux.
Pr Benhadou Farida
Directrice de la clinique des maladies inflammatoires, Dermatologie, HUB -Erasme
« L’alopécie areata n’est pas causée par le stress, une mauvaise hygiène ou un mode de vie inadapté, précise la professeure Farida Benhadou, dermatologue à la HUB. Il s’agit d’une véritable maladie, qui peut parfois débuter dès l’enfance ou l’adolescence ou être révélee après un stress ou choc émotionnel et évoluer de manière imprévisible. »
Science et espoir pour la pelade
Elle précise aussi que cette maladie n’est absolument pas contagieuse. « Il est en effet important d’expliquer que la pelade n’est ni contagieuse, ni causée par un champignon. C’est le corps qui attaque ses propres follicules pileux. Comprendre cela rassure beaucoup les patients, car ils ne se sentent pas responsables de la maladie. Aujourd’hui, la science a progressé et il existe des traitements efficaces, ce qui redonne de l’espoir aux patients », avance-t-elle.
Aussi, les cheveux, mais aussi les poils du visage comme les cils et les sourcils, ont un rôle protecteur souvent sous-estimé. Ils préviennent les coups de soleil, limitent les irritations cutanées et protègent les yeux et la peau de substances nocives. « La perte de cheveux peut donc avoir un impact physique réel, en plus de ses répercussions psychologiques, souligne Farida Benhadou. Les patients souffrent souvent d’une baisse de confiance en eux et d’un sentiment d’isolement. »
La pelade touche tous les âges et tous les sexes. Elle se manifeste par des plaques de chute de cheveux sur le cuir chevelu ou d’autres zones, parfois jusqu’à une perte totale. Sans prise en charge, la perte de cheveux peut s’aggraver avec le temps, et la probabilité de repousse naturelle diminue. « Il est essentiel de consulter tôt un dermatologue, insiste Farida Benhadou. Une intervention précoce augmente les chances de retrouver non seulement les cheveux, mais aussi une meilleure estime de soi. »
L’alopécie areata n’est pas une fatalité : la science offre aujourd’hui des traitements efficaces et de l’espoir.
Nouveaux traitements, nouveaux espoirs
Pendant des années, les personnes vivant avec l’alopécie ne disposaient que d’options thérapeutiques limitées, avec des résultats souvent modestes ou variables. Mais la recherche a fait des progrès significatifs. Aujourd’hui, des traitements ciblés et fondés sur des preuves ouvrent de nouvelles perspectives. « Ces thérapies agissent en calmant l’hyperactivité du système immunitaire, qui s’attaque aux follicules pileux », explique Pr Farida Benhadou. Ils permettent d’obtenir une repousse significative chez de nombreux patients et, surtout, de restaurer un sentiment de normalité dans leur vie quotidienne. »
Au-delà de la santé physique, l’impact émotionnel de l’AA est majeur. Les patients peuvent ressentir honte, anxiété ou même dépression. « Il est important d’accompagner les traitements médicaux d’un soutien psychologique si nécessaire, souligne Farida Benhadou. Parler à un proche, consulter un psychologue, rejoindre des groupes de patients… toutes ces démarches contribuent à retrouver confiance et sérénité. »
Redonner confiance et estime de soi
L’information et la compréhension de la maladie sont également des leviers puissants. « Autonomiser les patients grâce à des explications claires sur la biologie de l’alopécie et sur les traitements disponibles, c’est leur permettre de redevenir acteur de leur santé », ajoute l’experte.
L’alopécie areata n’est plus une fatalité. Les progrès scientifiques, combinés à une meilleure sensibilisation et à un accompagnement psychologique, offrent de véritables solutions aux personnes concernées. Pour Farida Benhadou, le message est clair : « Ne restez pas seul face à la perte de cheveux. Consultez un dermatologue, informez-vous et sachez qu’il existe aujourd’hui des traitements efficaces. La repousse est possible, et avec elle, le retour d’une confiance en soi parfois ébranlée. »
En changeant notre regard sur la pelade, on ne redonne pas seulement des cheveux : on redonne de l’espoir, de l’identité et de l’estime de soi.
PP-BA-BE-0648 – Sept 2025
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