Le psoriasis comme les maladies inflammatoires de l’intestin (MICI) peuvent être soulagées grâce à de nouvelles thérapies.
Le psoriasis
Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique où la peau se renouvelle de manière anormalement rapide. Ceci se traduit par l’apparition de plaques rouges recouvertes de peaux mortes de couleur blanche. Le psoriasis n’est pas contagieux, mais son aspect peut entraîner des conséquences déplaisantes au niveau esthétique et nuire à la vie relationnelle et professionnelle du patient.
Comme l’explique le Professeur Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc, « le psoriasis est provoqué par un ensemble de causes et de conséquences qui s’enchaînent de manière immunologique. La cascade inflammatoire est une réaction en chaîne de protéines qui sont activées et perpétuent l’inflammation. L’interleukine 23 (IL-23) est un exemple de protéine de ce type, essentielle à la réponse inflammatoire. »
Cette petite protéine permet aux cellules de communiquer entre elles, régulant l’inflammation. Mais un déséquilibre de la production d’IL-23 peut entraîner une inflammation excessive. « Ainsi, on sait qu’elle se trouve en plus grand nombre chez les patients atteints de psoriasis, et en particulier dans les plaques de psoriasis », précise le Pr. Ghislain.
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)
Les MICI sont des maladies chroniques caractérisées par une inflammation qui peut se calmer spontanément ou entrer en rémission. Elles peuvent ensuite connaître de nouvelles poussées, très différentes d’un patient à l’autre et selon la sévérité de la pathologie », explique le Professeur Dewit, gastro-entérologue au Cliniques universitaires Saint-Luc. « Leur origine est multifactorielle, avec une interaction entre les gènes, des facteurs environnementaux très complexes et une réponse immunitaire anormale. Elles peuvent également avoir un retentissement important sur la qualité de vie, avec un impact psychologique et social du fait de leur chronicité, et parfois des complications au long cours. Ces maladies sont de plus en plus fréquentes : on estime qu’en 2030, une personne sur 100 en Belgique pourrait en souffrir, d’où l’importance de s’en préoccuper et de voir comment améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec une MICI. À noter que ce n’est pas un phénomène exclusivement belge, mais qui se rencontre à travers le monde. »
Le psoriasis reste une maladie chronique et pénible, mais grâce aux traitements disponibles, la vie des patients a changé de manière très significative.
Professeur Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc
Les différents types de MICI sont-ils très similaires? Le professeur Dewit précise ce point : « La maladie de Crohn et la rectocolite se ressemblent, mais avec quelques différences. La première peut toucher n’importe quel segment du tube digestif, depuis la bouche jusqu’à l’anus ; la fin de l’intestin grêle et le côlon étant toutefois les zones les plus fréquemment atteintes. Cette maladie favorise des ulcères profonds pouvant entraîner des complications, comme par exemple des fistules. Dans le cas de la rectocolite, la maladie concerne d’abord le rectum et s’étend plus ou moins loin sur le côlon, sans toucher l’anus en tant que tel, la présence de sang étant le symptôme cardinal. Dans les deux maladies, des altérations de l’état général se manifestent : amaigrissement, fatigue et des manifestations inflammatoires en dehors du tube digestif, notamment sur les articulations, au niveau des yeux et de la peau. Mais aussi des douleurs abdominales -davantage dans la maladie de Crohn- et des diarrhées sanglantes dans le cas de la rectocolite. »
Toujours dans le cas des MICI, l’endoscopie constitue un examen de référence pour le diagnostic : « Elle va nous montrer les lésions et l’emplacement de la maladie en question, ainsi que son étendue et sa sévérité. En fonction des lésions visibles, cette phase dans le diagnostic est suivie par une biopsie qui permettra éventuellement d’aider à la confirmation du diagnostic d’une MICI. Mais l’endoscopie joue aussi un rôle essentiel dans le choix du traitement et dans l’évaluation de celui-ci. Hormis le fait de faire en sorte que le patient vive confortablement, nous avons aussi des objectifs de traitement plus précis, comme notamment le fait que l’intestin doit cicatriser. Avec l’endoscopie, nous essayons donc de déterminer dans quelle mesure cette amélioration peut-être obtenue. Cela reste important également au niveau du suivi, notamment pour déceler des complications, telles que des cancers qui ne peuvent pas être décelés autrement que par l’endoscopie et des biopsies ciblées sur les zones apparaissant comme comportant des anomalies. »
Des traitements pour une bonne défense
« Bon nombre des traitements disponibles sont des anticorps dits monoclonaux. Ces anticorps sont également naturellement présents dans notre organisme, par exemple pour nous défendre contre des virus ou des bactéries. Nous avons réussi à créer artificiellement de tels anticorps afin qu’ils bloquent spécifiquement un maillon de la cascade inflammatoire. Plusieurs médicaments bloquant l’IL-23 sont ainsi disponibles sur le marché », détaille le Pr. Ghislain. « Leur efficacité est très complète, telle que les patients n’en avaient jamais connu depuis qu’ils étaient atteints de la maladie. Mieux encore, le volume de sécurité et la facilité d’utilisation sont assez remarquables, un de ces traitements s’administrant par une injection sous-cutanée une fois tous les deux mois, sans douleur, et comparable aux injections que les diabétiques se font tous les jours, mais avec une fréquence bien plus souple. Presque tous les patients sont agréablement surpris des résultats. Le psoriasis reste une maladie chronique et pénible, mais grâce aux traitements disponibles, la vie des patients a changé de manière très significative », se réjouit le Pr. Ghislain.
Les MICI sont des maladies chroniques, avec des poussées variables selon les patients.
Professeur Olivier Dewit, gastro-entérologue au Cliniques universitaires Saint-Luc
Des biothérapies existent également pour les psoriasis sévères étendus sur le corps, ayant une évolution de longue date et qui ont déjà fait l’objet d’autres traitements plus classiques n’ayant pas donné satisfaction aux patients.
Le professeur Dewit confirme que les traitements anti-IL-23 sont également très efficaces dans le traitement des MICI. Ils agissent à la fois sur le symptômes et sur les lésions intestinales, avec peu d’effets secondaires, ce qui renforce considérablement les options thérapeutiques disponibles. Les IL-23 sont disponibles en deuxième ligne de traitement biologiques pour les patients. »
Des avancées prometteuses
Ce traitement anti-IL-23 a été testé et approuvé dans d’autres indications, par exemple pour certaines formes d’arthrite psoriasique. Ainsi, il a prouvé son efficacité dans le cas des douleurs articulaires en lien avec le psoriasis, qui peuvent survenir chez 20 à 30 % des patients atteints de psoriasis cutané.
En matière de recherche, les avancées sont nombreuses, en particulier pour essayer de simplifier les traitements actuels : « Les traitements existants consistent en des injections à effectuer de manière très espacée. Les sociétés pharmaceutiques travaillent sur des solutions en comprimé, qui pourraient pour certains patients être une solution plus pratique », conclut le Pr. Ghislain.
Cet article est réalisé en collaboration avec Johnson & Johnson.
EM-189820