Grâce aux nouveaux traitements, dont la thérapie ciblée, la qualité de vie des patients atteints d’un cancer du cerveau va grandement s’améliorer. Entretien avec la Professeure Florence Lefranc, Neurochirurgienne.

Professeure Florence Lefranc
Neurochirurgienne
Plus de 2.000 tumeurs cérébrales sont diagnostiquées chaque année en Belgique. Toutes les tumeurs du cerveau ne sont pas pour autant des cancers. « Souvent, ces tumeurs, comme les méningiomes qui sont les plus fréquentes, sont bénignes », nous assure la Pr Lefranc.
« En cas de suspicion de cancer, il faut procéder, si réalisable, à son exérèse pour poser le diagnostic anatomopathologique. L’exérèse chirurgicale s’avère déterminante pour l’espérance de vie du patient. L’ablation doit être aussi large que possible pour éliminer un maximum de cellules infi ltrantes », souligne notre interlocutrice.
En cas de cancer comme les gliomes malins, il est souvent impossible d’éliminer la tumeur dans son intégralité sans mettre en péril les fonctions neurologiques du patient. « Il est donc courant de recourir à la radiothérapie et à la chimiothérapie – le plus souvent par voie orale – après l’intervention chirurgicale. Certains malades perdent leurs cheveux ou éprouvent une fatigue intense. »
En dépit des recherches, tous les gliomes malins fi nissent par récidiver. « Toutefois, les traitements permettent aux victimes de cancer du cerveau de jouir d’une qualité de vie satisfaisante pendant plusieurs années. Néanmoins, cette maladie reste une menace silencieuse, semblable à une bombe à retardement, avec laquelle elles doivent apprendre à vivre au quotidien. Cette situation s’améliorera dans le futur grâce aux traitements comme les thérapies ciblées et l’immunothérapie », conclut la Pr Lefranc.
Cancer du cerveau, priorité à la vie
Un cancer du cerveau est-il forcément synonyme d’un arrêt de mort immédiat ? L’exemple de Bruno, qui se bat contre une forme de cancer du cerveau depuis de longues années, nous montre qu’il n’en est rien.
A 27 ans, Bruno fut frappé d’une terrible crise d’épilepsie. La colonne vertébrale brisée, il est envoyé en urgence à l’hôpital. « Après une IRM, les médecins ont identifié la présence d’un glioblastome, une forme de cancer du cerveau. J’étais stupéfait », nous confie-t-il.
Ses blessures le contraignent à garder le lit. Une situation diffi cile pour le jeune homme, au caractère très indépendant. Il souff re également de maux de tête et de nausée. Bruno entame très vite une radiothérapie de 45 séances, suivie d’une chimiothérapie par voie orale pendant plus de 6 mois. Les conséquences sur sa qualité de vie sont immédiates. « Je n’avais plus d’appétit, j’ai perdu beaucoup de poids et d’énergie », se remémore-t-il.
Il y a 90 % de risque de récidive dans les 6 mois suivant l’arrêt du traitement. Il me reste entre un et dix ans à vivre.
A Présent, Bruno doit aussi supporter les incertitudes quant à l’avenir. Le glioblastome est en effet une maladie incurable. Même en cas de rémission, la maladie fi nit immanquablement par réapparaître. « Il y a 90 % de risque de récidive dans les 6 mois suivant l’arrêt du traitement. Il me reste entre un et dix ans à vivre », nous dit Bruno.
Ces mots sont durs à entendre, mais Bruno est un battant. Loin de baisser les bras, il a intégré un programme expérimental de traitement, en complément d’une deuxième série de séances de chimiothérapie. Les résultats sont impressionnants : après quelques mois, il a pu retrouver l’énergie nécessaire pour reprendre son activité professionnelle. « J’ai dû beaucoup insister, repasser des examens, remplir des myriades de formulaires, mais ça y est, je suis de nouveau sur le terrain ! », s’enthousiasme-t-il.