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Cancer : le dépistage peut tout changer

« Le cancer, c’est une course contre la montre ». Une course dont l’issue peut être toute autre s’il est détecté précocement. Dépistage, traitement, vie d’après : tour d’horizon avec le Dr Anne Boucquiau, porte-parole de la Fondation Contre le Cancer. 

Texte : Maria-Laetitia Mattern

Qu’indiquent les chiffres actuels du cancer en Belgique ?

Dr Anne Boucquiau, porte-parole de la Fondation Contre le Cancer

 Anne Boucquiau : « La prise en charge du cancer a fortement évolué en Belgique au cours des 50 dernières années : on est passés de 40 % à près de 70 % de survie à 5 ans. Ce chiffre est pris comme référence car au bout de 5 ans, s’il n’y a pas de récidive, le pronostic est très bon pour la suite. Ce progrès s’accélère : entre 2004 et 2013, on a noté une augmentation de la survie à 3 ans de 2 %. Or la même augmentation a été notée entre 2013 et 2017… Soit en 4 ans au lieu de 10 ! Ce message est très positif. » 

Qu’en est-il de l’incidence du cancer ?

A.B. : « Le nombre de cas de cancers augmente chaque année en Belgique. Cela s’explique principalement par l’accroissement de la population belge et surtout, par son vieillissement. Le cancer, dans sa toute grande majorité, touche des personnes de plus de 50 ans, voire 60. Mais on pourrait réduire fortement cette incidence ! En effet, Le tabac, le surpoids et l’obésité, l’alcool, l’alimentation déséquilibrée, le manque d’exercice physique, l’exposition aux UV …sont autant de facteurs de risque prouvés et donc à maîtriser. »


La prise en charge du cancer a fortement évolué en Belgique au cours des 50 dernières années : on est passés de 40 % à près de 70 % de survie à 5 ans.


« La vaccination, contre le HPV notamment, est un moyen remarquablement efficace d’éviter certains cancers. Participer aux programmes de dépistage est également primordial et peut faire toute la différence en termes de chances de guérison. Le cancer, c’est une course de vitesse : plus tôt il est pris en charge, plus on a de chance d’avoir un traitement efficace et moins invasif pour le patient. »

Il existe quatre piliers de traitement contre le cancer : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’immunothérapie.

Côté traitements, quelles sont les perspectives ?

A.B. : « Il existe quatre piliers de traitement contre le cancer : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et, maintenant, l’immunothérapie. Cette dernière consiste à utiliser le système immunitaire de l’individu pour qu’il se défende lui-même face aux cellules cancéreuses. L’immunothérapie représente une véritable révolution et a ouvert un nouveau chapitre, rendant espoir dans le traitement de certains  cancers agressifs, même à un stade métastatique. »


En septembre 2020, 14 % de cancers supplémentaires auraient dû être détectés. cela représente environ 5.000 cas qui qui continuent à se développer sans être dépistés.


Comment accompagner le patient en rémission ? 

A.B. : « On assiste à un changement de paradigme. Le cancer devient une maladie chronique avec laquelle il faut apprendre à vivre.Au cours des 10 dernières années, 350.000 Belges ont survécu à leur cancer. Traverser cette épreuve laisse des traces, physiques et psychologiques. La société doit évoluer elle aussi. À la Fondation contre le Cancer, nous avons mis en place un projet spécifique d’accompagnement de retour au travail afin d’aider non seulement le collaborateur à se réinsérer dans l’entreprise, mais aussi l’employeur à favoriser une réinsertion réussie. »

On assiste à un changement de paradigme : le cancer devient une maladie chronique avec laquelle il faut apprendre à vivre.

Le mois de mars était consacré à la lutte contre le cancer du côlon. Ce cancer est-il fréquent ? Comment le reconnaître ?

A.B. : « Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents chez la femme comme chez l’homme. Les signaux d’alarme sont des traces de sang visibles dans les selles, une modification dans le rythme du transit intestinal ou encore des douleurs persistantes au ventre – mêmes si l’ensemble de ces signes peuvent être aussi tout à fait bénins. Ce cancer peut se développer longtemps avant de donner des symptômes, c’est pourquoi, à partir de 50 ans, les Belges sont invités à se faire dépister, et à répéter le test tous les deux ans. » 

Quelles sont les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les cancers en Belgique ? 

A.B. : « Lors de la première vague, nous avons malheureusement dû suspendre tous nos dépistages ainsi que nos consultations non urgentes. En septembre 2020, 14 % de cancers supplémentaires auraient dû être détectés. En Belgique, cela représente environ 5.000 cas qui manquent à l’appel et qui continuent à se développer sans être dépistés. Nous tenons donc à rappeler l’importance de participer aux programmes de dépistage, même en cette période particulière, et de consulter son médecin en cas de signes inhabituels » 

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