Sac au dos et gonflé à bloc, Adrien Joveneau, animateur-phare du Beau Vélo de Ravel, est entré à l’hôpital avec un mental d’acier. Après deux opérations et un traitement de chimiothérapie, il fait le point sur son combat contre le cancer, qu’il appelle son « aventure ». Rencontre.
Texte : Maria-Laetitia Mattern
Comment avez-vous découvert que vous aviez un cancer ?
« Tout a commencé au printemps dernier, lors d’une visite médicale de la RTBF. Personnellement je n’avais rien remarqué, juste quelques petites douleurs dans le bas du dos, mais le médecin a estimé que ma tension était anormalement élevée. Il m’a envoyé chez mon médecin traitant, qui lui-même m’a envoyé chez un cardiologue, qui m’a envoyé chez un urologue.
L’urologue a détecté une tumeur et m’a dit qu’il fallait opérer le plus rapidement possible : il fallait m’enlever un rein. Tout a été très vite, je me suis fait opérer la semaine suivante et puis une deuxième fois, avec un séjour aux soins intensifs entre les deux. »
Dans quel état d’esprit étiez-vous à ce moment-là ?
« J’ai vécu cela comme une expérience, comme une aventure : je me souviens d’être parti à l’hôpital avec mon sac à dos comme si j’allais escalader une montagne. J’étais très bien entouré par ma garde rapprochée : mes potes et ma famille. Et puis, le personnel médical était incroyable. Je n’avais pas vraiment peur, je me sentais gonflé à bloc. Alexis, un ami de toujours, passé par là, m’avait dit, “le cancer on ne le combat pas, il faut l’apprivoiser. Il ne faut pas se battre contre le cancer mais se battre pour la vie, pour quelque chose de positif ”. J’étais dans cet état d’esprit-là. »
Une fois les opérations terminées, avez-vous dû suivre d’autres traitements ?
« Au départ, on m’avait dit que non. Mais finalement, en faisant des analyses après l’opération, on a constaté qu’il restait des métastases. Le médecin m’a alors conseillé de faire de la chimio pour m’en débarrasser complètement… Cette nouvelle n’a pas été simple à encaisser.
J’ai pris cet évènement comme une aventure : je suis parti à l’hôpital avec mon sac à dos comme si j’allais escalader une montagne.
Mais j’ai suivi le traitement de chimiothérapie pendant 12 semaines en restant confiant et toujours très bien entouré. Ma femme ou mes enfants m’y conduisaient, parfois j’y allais à vélo. Ma vie ne s’est pas arrêtée, j’ai essayé de garder le rythme en adaptant mon travail et mes horaires. Je pense que la guérison passe aussi par l’action. »
Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux gens qui sont touchés par le cancer ?
« Mon premier message concerne ici la prévention. Plus la maladie est prise à temps, mieux c’est. Il y a des progrès incroyables dans la médecine : ne manquez pas l’occasion de faire un dépistage ou une visite médicale ! Saisissez cette chance que nous avons aujourd’hui, dans nos pays, de détecter ces maladies. Jusqu’à preuve du contraire, on n’a qu’une vie (rires) donc il faut la préserver, prendre soin de soi et être attentif aux signaux d’alerte.
Mon deuxième message, ce serait de rester ouvert pendant le processus de guérison. Je suis très cartésien au départ, mais pendant mon traitement, je me suis ouvert à des médecines parallèles en plus du traitement traditionnel. Et cela m’a beaucoup aidé. »
Un ami m’avait dit : Il ne faut pas se battre contre le cancer mais se battre pour la vie, pour quelque chose de positif.
La Fondation contre le Cancer vous a d’ailleurs donné une mission…
« Oui, ils m’ont proposé de devenir ambassadeur de leur Tournée Minérale, je me suis lancé : je suis à mon treizième jour sans alcool ! Pour moi qui suis un bon vivant, c’est déjà un défi (rires). »
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
« Cette aventure m’a beaucoup rapproché des miens et m’a aussi permis de renouer avec certaines personnes que j’avais perdues de vue depuis longtemps. Elle m’a recentré, m’a permis de faire le tri aussi bien dans mes activités professionnelles que dans mes relations humaines. Je ne suis pas heureux d’avoir eu le cancer – je ne suis pas complètement fou – mais je pense qu’il y a des choses à retenir de cela, qu’on peut en ressortir grandi. Tout n’est pas noir là-dedans : bien au contraire. »