Suite à l’annonce de son cancer du sein en 2021 et de sa récidive en janvier dernier, Mademoiselle Luna a fait un choix : en parler, toujours et sans détour. Aujourd’hui, la positive attitude de la DJ et animatrice radio donne de la force à des milliers de femmes. Elle nous confie son mood du moment dans une interview inspirante.
Comment allez-vous ?
Mademoiselle Luna : « Je vais bien ! Je me suis remise à monter à cheval, j’ai une nouvelle jument qui s’appelle Baya, qui est exceptionnellement douce et bienveillante. Ça me fait un bien fou. Quand je monte à cheval, j’occulte complètement la maladie, la chimio, la fatigue. Ça a un effet magique sur moi. Le cheval est un animal très réceptif aux émotions, ce n’est pas pour rien qu’il existe des thérapies à leur contact. En plus, je suis dehors, je fais de l’exercice, … Je crois qu’il n’y a pas de meilleur remède pour se donner de la force quand on est sous un lourd traitement comme le mien.»
Justement, comment se passe le traitement ?
M. L : « J’ai repris la chimiothérapie suite à une récidive de mon cancer. J’ai commencé début janvier, et il n’y a pas de date de fin pour le moment. Je me laisse porter cette fois-ci. Quand on m’a annoncé que j’avais un cancer du sein fin 2021, j’ai voulu me prouver à moi-même que la vie continuait comme avant. Je suis contente d’avoir eu cette attitude-là. Mais maintenant, je n’ai pas envie de me mettre la pression ! Je lève un peu le pied niveau boulot et je fais un maximum de choses qui me font plaisir. En général, j’ai beaucoup de mal à lâcher prise, mais vivre dans l’instant présent me fait du bien. En fait, je pense qu’on devrait tous fonctionner comme ça, que l’on soit malade ou non. L’être humain a le don de se prendre la tête pour un rien ! J’arrive mieux à prendre du recul, c’est l’un des points positifs de la maladie. »
Qu’est-ce qui vous aide à vous lever le matin ?
M. L : « Un médecin m’a un jour fait remarquer que le mot envie, si on le coupait en deux donnait ‘en vie’. Il m’a dit : ‘le matin quand tu te lèves tu dois te demander : qu’est-ce que j’ai envie de faire ?’. C’est un luxe bien sûr, de pouvoir se poser cette question. Mais cela m’aide à faire le tri. Je continue à travailler, parce que j’aime mon boulot, aussi bien à la radio que comme DJ. La musique me donne de l’énergie : quand je me mets derrière mes platines, je me transforme. Aujourd’hui, j’ai trouvé le juste milieu pour continuer à faire ce que j’aime tout en me préservant. »
En quoi le cancer a-t-il changé à votre vie ?
M. L : « J’ai toujours été quelqu’un de positif. J’ai tendance à voir le verre à moitié plein. Bon évidemment, quand j’ai appris que j’étais malade, pendant deux jours, je n’ai pas du tout vu le verre à moitié plein. Mais assez rapidement, je me suis dit : c’est comme ça, je ne peux rien y faire. Soit je baisse les bras, soit j’en fais une force. Certes, certains cancers sont plus graves que d’autres, et c’est toujours une nouvelle difficile à encaisser. Mais la science a évolué, l’encadrement aussi, et j’avais envie de déstigmatiser le fait d’avoir un cancer. De montrer que vivre avec, c’est possible. Dans un sens, le cancer n’a donc pas tant changé ma vie. »
Quand on m’a annoncé que j’avais le cancer du sein fin 2021, j’ai voulu me prouver à moi-même que la vie continuait comme avant.
Comment avez-vous vécu la récidive ?
M. L : « J’avoue que la récidive m’a mis un coup. J’étais persuadée que c’était fini, je ne m’y attendais pas. En fait, je pense intimement que quand le corps nous donne un signal, il nous prévient d’un dysfonctionnement. Or justement là, j’avais l’impression d’avoir fait tout comme il faut : j’avais fait du sport, je ne fumais pas, … Après, il y a bien sûr une part de génétique, ma maman et ma grand-mère ont eu un cancer. La récidive m’a montré qu’on ne contrôle rien. Cette idée me force à lâcher prise, je profite mieux de l’instant présent aujourd’hui. Et puis, je suis hyper bien entourée, j’ai un super oncologue, avec lequel je m’entends très bien. »
Aujourd’hui, j’ai trouvé le juste milieu pour continuer à faire ce que j’aime tout en me préservant.
Vous tirez le positif, même de cette situation: c’est très inspirant!
M. L : « Oui, je pense que quoi qu’il nous arrive, il y a toujours une leçon à en tirer. Par exemple, le fait d’avoir perdu mes cheveux m’a permis de découvrir ma nouvelle coiffure, que j’adore ! (Rires). Et puis, je pense qu’un changement d’attitude peut faire des merveilles : on entend parfois des cas de malades condamnés qui guérissent miraculeusement parce qu’ils se sont mis à faire quelque chose qui leur tenait à cœur. C’est peut-être rare, mais ça existe. D’où l’importance de s’écouter, d’être bienveillant avec soimême. Et si le miracle ne se produit pas, au moins j’aurai profité. »
Des malades condamnés qui guérissent parce qu’ils se sont mis à faire quelque chose qui leur tenait à cœur, c’est rare mais ça existe.
Pourquoi avoir décidé de devenir ambassadrice Think Pink ?
M. L : « Au moment de ma première chimio, j’ai reçu une boîte cadeau Think Pink, qui contenait un coussin, une crème, quelques accessoires utiles pour traverser cette période difficile. J’ai trouvé cette attention super juste et bienveillante. Je les ai contactés, on a mis en place la collaboration. Aujourd’hui, je suis fière de porter la parole de milliers de femmes qui traversent la même chose que moi. »