L’alimentation joue un rôle essentiel dans le combat contre le cancer. Entretien avec le Dr Anne Druez, Gastro-entérologue au CHU UCL Namur site Godinne.

Dr Anne Druez
Gastro-entérologue
CHU UCL Namur site Godinne
Jusqu’à 80 % des personnes atteintes d’un cancer souffrent de dénutrition1 , parfois accentuée par une altération du goût. Résultat : les besoins quotidiens en énergie, en vitamines et en oligo-éléments ne sont plus suffisamment couverts. « Certains traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie aggravent encore cette situation de dénutrition. Celle-ci affaiblit substantiellement les patients, au point qu’ils risquent de moins bien répondre au traitement contre le cancer qui leur est administré. La dénutrition implique souvent une moins bonne rémission de la maladie », déplore le Dr Anne Druez.
Certains traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie aggravent encore cette situation de dénutrition.
Pour remédier à la dénutrition, on commence par procéder à un fractionnement des repas et à une majoration des prises alimentaires. Si malgré cela le patient continue à perdre du poids, le recours à des compléments nutritionnels oraux peut permettre une amélioration sensible de la santé du malade. Ils se présentent généralement sous la forme de boissons lactées, de jus de fruits, de soupes ou de crèmes. Ils contiennent tous les nutriments nécessaires, y compris des protéines, des lipides, des glucides, des vitamines et des minéraux. « Ces produits contiennent une grande quantité de calories dans un volume réduit », souligne notre interlocutrice. « Les patients sont capables de prendre une ou deux de ces boissons par jour, même lorsqu’ils manquent d’appétit. »
Bien entendu, il est préférable de dépister toute dénutrition bien en amont, plutôt que devoir intervenir au cours de la maladie lorsque le patient est déjà affaibli. Anne Druez insiste sur le fait que « au CHU UCL Namur, nous essayons d’instaurer un suivi systématique par des spécialistes en nutrition dès le début du parcours de soin et durant toute la durée du traitement contre le cancer. Bien qu’une majorité d’oncologues encouragent les malades à consulter un diététicien, un grand travail de sensibilisation doit encore être réalisé à ce sujet auprès des patients. »
1. Ryan AM et al., Proc. Nutr Soc. 2016;75(2):199-211.