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« Le fibrome utérin reste une affection méconnue »

Sans traitement adéquat, cette tumeur bénigne dans l’utérus peut causer de vrais désagréments pour de nombreuses femmes. Entretien avec le Docteur Jasper Verguts, gynécologue à la Jessa Ziekenhuis de Hasselt.

Texte : Olivier Clinckart

Docteur Jasper Verguts gynécologue à la
Jessa Ziekenhuis

Quels sont les symptômes du fibrome utérin ?

Docteur Jasper Verguts : « Il faut savoir qu’au cours de leur vie, environ 50 % des femmes peuvent développer à un moment ou à un autre un fibrome utérin, mais de manière asymptomatique pour la majorité d’entre elles. Les symptômes les plus courants sont des pertes de sang abondantes au moment des règles, des envies fréquentes d’uriner ou encore une sensation de masse dans le bas ventre. »

Pourquoi peut-il y avoir un long délai entre les premiers symptômes et la pose d’un diagnostic ?

Dr Verguts : « De nombreuses patientes ne jugent pas utiles de consulter un médecin lors de l’apparition de ces symptômes, tout simplement parce qu’elles ne font pas le lien entre les symptômes et la possibilité d’un problème. Certaines femmes ayant des règles abondantes pensent que ça n’a rien d’anormal et il leur faut donc du temps avant de se décider à consulter. Ce fibrome pouvant entraîner des troubles de la fertilité, c’est souvent à ce moment-là qu’une patiente viendra consulter, au cas où elle souhaite tomber enceinte. 

Nous attendons d’ici la fin 2022 l’arrivée sur le marché belge de nouveaux traitements médicamenteux qui permettront de réduire considérablement les symptômes.

Parallèlement, le fibrome utérin reste une affection méconnue, souvent détectée par hasard lors d’un examen gynécologique classique. Il convient alors de bien choisir son spécialiste en la matière pour être bien guidée vers le traitement adéquat. »

Certaines femmes sont-elles plus exposées que d’autres au risque de développer un fibrome utérin ?

Dr Verguts : « On constate que les femmes d’origine africaine présentent plus de risques que les autres groupes ethniques. Les hormones jouent également un rôle chez les femmes ayant un taux plus élevé d’œstrogènes. D’autres catégories sont aussi concernées, comme par exemple les femmes qui n’ont pas d’enfants. L’obésité ou la consommation fréquente de viande rouge peuvent également jouer un rôle sur du long terme. Enfin, on note une certaine prédisposition familiale : une femme dont la mère a développé un fibrome utérin risque à son tour d’en développer un. »

De quelle manière peut-on traiter le fibrome utérin?

Dr Verguts : « Le traitement doit être adapté en fonction de chaque patiente, selon son âge, l’importance de ses symptômes, etc. Plusieurs traitements médicamenteux pré-opératoires sont disponibles, qui vont contribuer à réduire la taille des fibromes. Le recours à la chirurgie conduira à l’ablation d’un ou plusieurs fibromes. À ce sujet, les méthodes d’ablation varient : soit par voie vaginale, soit par une petite incision au niveau de l’abdomen, soit encore en réalisant de petites ouvertures au niveau du nombril pour retirer le fibrome par petits morceaux. 

Enfin, une technique innovante, pas encore appliquée en Belgique, entre autres à cause de son coût : le traitement par radio fréquence guidée par échographie. C’est une technique chirurgicale mini-invasive qui consiste à détruire le fibrome par la chaleur et qui offre ainsi une alternative efficace aux techniques utilisées actuellement. 

Il est à noter que seuls les cas les plus graves requièrent une ablation de l’utérus, mais cette intervention n’est vraiment nécessaire qu’en dernier recours et ne concerne heureusement qu’une petite minorité de patientes. »

De nouveaux traitements sont-ils en cours de développement ?

Dr Verguts : « Nous attendons d’ici la fin 2022 l’arrivée sur le marché belge de nouveaux traitements médicamenteux qui permettront de réduire considérablement – ou même de faire disparaître – les symptômes, tout en permettant d’éviter davantage le recours à la chirurgie qui reste complexe et pas exempte de risques, par exemple au niveau de la fertilité. Ces nouveaux médicaments offriront ainsi un confort accru aux patientes. »

2022-057/BEFR, date of creation 03/2022, E.R. : Isabelle De Walsche, Groot-Bijgaarden.

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