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Cancer

Mieux vivre son cancer

Dr Marie-Pascale Graas

Chef du service d’onco-hématologie

CHC Liège

Selon la Fondation contre le cancer, un homme sur 3 et une femme sur 4 se verront diagnostiquer un cancer avant leur 75 ans. Quels comportements adopter afin de mettre toutes les chances de son côté ?

Texte : Philippe Van Lil

Le cancer implique des traitements lourds réputés pour leurs effets secondaires. Comment les atténuer ?

Dr Graas : « Informer le patient sur les éventuels effets secondaires des traitements et lui donner le maximum de conseils pour essayer de les prévenir est primordial. La collaboration entre l’équipe médicale, infirmière, diététique et les psychologues est essentielle pour réagir rapidement en cas d’effets secondaires. »

En quoi consiste cette prévention ?

« Elle repose sur trois piliers. Le premier consiste à donner des conseils pour prévenir et minimiser les effets secondaires. Au CHC, tous les patients reçoivent une fiche spécifique qui leur explique les toxicités liées à leur traitement et les mesures préventives conseillées. »

« Certains traitements entrainent une toxicité cutanée, d’autres agissent sur les muqueuses buccales. Des effets indésirables douloureux touchent fréquemment les ongles. Des laboratoires ont développé des gammes spécifiques et adaptées pour prévenir et traiter ces effets secondaires. »

De nombreux patients subissent un contrecoup après leur cancer : les effets secondaires sont toujours présents et la crainte de la récidive fréquente.

« Le deuxième pilier repose sur le soutien diététique de nos malades. La dénutrition majore nos effets secondaires et altère la qualité de vie des patients. Nous devons collaborer en permanence avec l’équipe de diététiciennes afin d’éviter la cachexie. »

« Le troisième pilier est le maintien d’une activité physique afin d’éviter la fonte musculaire qui accentue la toxicité et entrainera une récupération post-traitement plus lente. »

« Un autre versant de la prévention concerne l’observance au traitement qui est mise à mal par les effets secondaires. Selon des études, seulement 55 % des malades seraient observants. »

« Comme de nombreux traitements sont per os (pris par la bouche), le contrôle de leur prise régulière est plus complexe. Au CHC, nous avons instauré un suivi spécifique par nos infirmières coordinatrices qui téléphonent une fois par semaine aux malades afin d’évaluer leurs effets indésirables. »

« Ces derniers sont diagnostiqués plus tôt et, ainsi, traités plus tôt. Grâce à ce suivi, on constate une meilleure observance et une diminution des hospitalisations. »

Pourquoi un patient arrêterait-il son traitement?

« Les patients ne comprennent pas toujours l’importance du traitement, surtout lorsqu’il est préventif. C’est le cas, par exemple, de l’hormonothérapie qui est prescrite dans plus de 70 % des cancers du sein. »

« Les patientes ont des effets secondaires qui peuvent provoquer une gêne intime invalidante. N’osant pas toujours parler à leur médecin, elles l’arrêtent et s’exposent ainsi à un plus grand risque de récidive de leur cancer. »

Les malades bénéficient-ils d’un suivi psychologique ?

« Le Plan Cancer assure un accompagnement psychologique et des consultations gratuites avec un diététicien. Nous avons aussi instauré des groupes de soutien pour expliquer aux patients le but de leur traitement mais aussi leur donner des conseils pour prévenir la toxicité. »

Les patients sous-estiment parfois l’importance d’un traitement préventif.

« Il existe des activités de groupe et des conférences données par des experts sur des sujets précis (sexualité & cancer, génétique, groupe de pleine conscience…). Le suivi psychologique se poursuit après la maladie. »

« De nombreux patients subissent un contrecoup après leur cancer : les effets secondaires sont toujours présents et la crainte de la récidive fréquente. »

Quels sont les facteurs de rechute ? Comment les prévenir ?

« Le patient doit avoir un régime alimentaire équilibré (l’obésité étant un facteur de rechute) et éviter l’alcool. Il doit maintenir une activité physique. C’est scientifiquement prouvé : le sport améliore la qualité de vie et diminue le risque de récidive. »

« La revalidation oncologique est un facteur primordial pour aider le patient dans sa reconstruction physique et psychologique mais aussi dans sa réinsertion professionnelle.  Autre facteur essentiel : la cigarette. Fumer augmente les risques de cancer du poumon, mais aussi ceux de la vessie, du sein et les cancers ORL. Il n’est jamais trop tard pour arrêter. »

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