Le diagnostic du cancer du poumon est le plus difficile à établir. Une nouvelle technologie, l’Iriscope, développée conjointement par la startup Lys Medical et le service de pneumologie de l’Hôpital universitaire de Bruxelles (HUB), constitue une véritable percée.
Olivier Taton
Pneumologue au HUB
Benjamin Mertens
CEO de Lys Medical
Comment se présente votre invention ?
Olivier Taton, Pneumologue au HUB : « C’est un système d’endoscopie basé sur une caméra haute définition qui permet d’obtenir des images de très bonne qualité des bronches périphériques. Les bronches des poumons se divisent en deux… mais 23 fois de suite ! La taille des endoscopes classiques ne permet pas d’aller au-delà de la 5e division bronchique. »
Benjamin Mertens, CEO de Lys Medical : « La très petite taille de l’Iriscope permet désormais d’accéder aux 23 divisions bronchiques. Elle a un diamètre de 1,35 millimètre à peine, ce qui en fait la plus petite sonde endoscopique au monde. Son avantage clinique est de permettre un diagnostic in situ durant l’intervention. Techniquement, cette sonde a aussi l’avantage financier et environnemental d’être réutilisable. »
Quels en sont les autres bénéfices ?
O. T. : « D’une part, l’endoscopie guidée par l’Iriscope est une technologie non invasive, puisqu’on passe par les voies naturelles, sans chirurgie. D’autre part, il permet d’améliorer le diagnostic de l’endoscopie puisqu’on peut voir les bronches périphériques. Jusqu’ici, en présence de nodules pulmonaires, plus communément appelés taches sur les poumons, on opérait souvent le patient pour finalement se rendre compte que dans 95 % des cas, ces nodules n’étaient pas cancéreux et qu’on aurait pu éviter l’opération. En améliorant la qualité diagnostique de l’endoscopie, l’Iriscope permet de faire le diagnostic des nodules pulmonaires de manière non invasive et d’éviter une chirurgie non utile. »
Sauvera-t-on plus de patients du cancer du poumon ?
B. M. : Le cancer du poumon est l’un des cancers les plus difficiles à déceler, car les symptômes n’apparaissent principalement que lorsque celui-ci est déjà à un stade avancé. Malheureusement, le taux de survie à 5 ans est inférieur à 20 % en cas de cancer avancé. L’Iriscope permettant de diagnostiquer visuellement en temps réel avec 93 % de précision, le patient peut être traité plus vite, soit via une chirurgie ou une radiothérapie si la tumeur est maligne, soit via un traitement adapté si elle est bénigne. »
Où le système est-il déjà déployé ?
B. M. : « L’Iriscope est déjà utilisé dans une quinzaine de centres en Belgique, en Allemagne, en France et en Espagne. Pas mal de bons de commandes commencent en outre à arriver de partout. Actuellement, tout est fabriqué par nos opérateurs sur le site de Lys Medical à Waterloo, ce dont nous sommes assez fiers. »
O. T. : « Il faut également préciser que l’Iriscope ne restera pas figé dans sa forme actuelle. Grâce au travail de nos ingénieurs et de nos équipes, nous travaillons à son développement afin d’augmenter encore ses capacités pour le diagnostic du cancer du poumon. »