Tour à tour hockeyeuse professionnelle et échevine à Waterloo, Aisling D’Hooghe mène sa vie en couleur. Diagnostiquée de la sclérose en plaques à l’âge de 6 ans, cette jeune femme de 25 ans porte un message aussi humble qu’inspirant. Rencontre.
Texte : Maria-Laetitia Mattern – photos : Belga/Christophe Ketels
Comment avez-vous compris que vous aviez la SEP ?
« Le diagnostic est tombé quand j’avais six ans. Je me suis réveillée un matin avec une crise : je voyais double, je perdais l’équilibre et je bégayais. J’ai essayé de rejoindre mes parents, mais je suis tombée des escaliers. Ils m’ont emmené à l’hôpital. Le diagnostic a pris un peu de temps parce que vu mon jeune âge, les médecins ne s’imaginaient pas que je puisse avoir cette maladie. J’ai passé beaucoup de tests et l’IRM a fini par déceler une sclérose en plaques. »
Ce qui ne vous a pas empêché d’entamer plus tard une belle carrière sportive et même de participer aux Jeux Olympiques en 2012…
« Oui… Ce n’était pas couru d’avance ! La connaissance de la SEP a beaucoup évoluée depuis. Mais il y a dix-neuf ans, elle était synonyme de handicap et les médecins me disaient que je ne serais pas capable de faire du sport très longtemps. Avec mes parents, on l’a pris à l’envers : on s’est dit que, plutôt que d’arrêter le sport, j’avais intérêt à en faire au maximum tant que je le pouvais. Au fur et à mesure, la question de la maladie ne s’est même plus posée : je savais faire tout comme tout le monde… Jusqu’à atteindre le plus haut niveau de hockey en Belgique. »
Pensez-vous que la maladie a eu une influence sur votre carrière ?
« J’avais en tête que mon temps en tant que sportive était peut-être compté et donc je me suis donnée à 100 %. C’est peut-être grâce à ça que j’ai pu aller aussi loin. Je ne dois pas ma carrière à ma sclérose en plaques, mais elle a certainement renforcé mon mental. »
Comment vivez-vous la SEP au quotidien ?
« Plusieurs crises ont suivies celle que j’avais eue à six ans. Mais à chaque fois, j’ai eu la chance de n’en garder aucune séquelle. J’ai également changé de traitement. Enfant, je devais subir des piqûres tous les matins. Vers mes dix-huit ans, je suis passée à une pilule quotidienne et aujourd’hui, le traitement consiste en une perfusion tous les six mois. Je passe une journée complète à l’hôpital, mais seulement deux fois par an… Pour être honnête, le reste du temps, la maladie est quasi absente de ma vie. »
J’ai longtemps évité d’aborder ma maladie dans les médias, c’est ma rencontre avec une petite fille après un match m’a poussé à partager mon histoire.
Vous exprimez-vous souvent au sujet de votre maladie ?
« J’ai longtemps évité d’aborder ce sujet dans les médias, je craignais le côté sensationnaliste. Il faut savoir que beaucoup de personnes qui ont la sclérose en plaques n’ont pas du tout la même vie que moi, tout le monde réagit différemment face à cette maladie. »
« Mais un jour, une petite fille est venue me demander un autographe après un match. Elle m’a dit que le hockey était son sport préféré mais qu’elle devait arrêter d’en pratiquer parce qu’elle était malade. Les médecins lui avaient dit qu’elle ne pourrait pas poursuivre le sport longtemps. Son histoire m’a touchée, je me suis reconnue en elle. Je me suis dit ‘Si mon témoignage peut aider cette petite fille ou inspirer d’autre personne, je veux la partager…’. J’ai donc accepté certaines interviews, pour peu qu’elles respectaient le message que je souhaitais communiquer. »
Est-ce aussi ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’échevinat à Waterloo ?
« Non, j’ai décidé de devenir échevine parce que je suis née à Waterloo, que j’y ai étudié, que c’est là que je sors et que je vis. J’y suis très attachée. Je ne suis pas une politicienne dans l’âme, mais le niveau communal permet d’être proche des gens, de mener des actions concrètes sur le terrain. C’est ce qui me plaît. Comme dans le hockey, ici chaque échevin a ses forces et nous formons une équipe soudée dont le but est de soutenir notre commune ! »