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Hypertension et hypercholestérolémie : soyez vigilant

L’hypertension et l’hypercholestérolémie sont particulièrement fréquentes dans la population belge. Le Dr. Michel Guillaume, cardiologue au CHU André Vésale, met en garde les patients atteints simultanément de ces deux facteurs de risque cardiovasculaire.

Texte : Philippe Van Lil

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Dr. Michel Guillaume

Cardiologue à CHU André Vésale

Quelle est l’ampleur de l’hypertension et de l’hypercholestérolémie en Belgique ?

« Avec le diabète et le tabac, ils font partie des principaux facteurs de risque cardiovasculaire. L’hypertension touche environ 25 % de la population générale adulte et 40 % des plus de 60 ans. Malheureusement, la moitié des cas ne sont pas connus ; ils ne sont par exemple dévoilés qu’à l’occasion d’un AVC. »

« En cause : une série de patients ne voient pas beaucoup leur généraliste ou, lorsqu’ils le voient, ne s’inquiètent pas beaucoup des messages qui leur sont transmis. Un certain nombre de patients hypertendus n’ont pas envie de le savoir et négligent le problème. »

Un coaching du patient est souvent nécessaire pour le convaincre de prendre son traitement avec une grande régularité.

« Par ailleurs, dans la moitié des cas connus, seule la moitié est traitée efficacement, notamment parce que les patients ne suivent pas correctement leur traitement. »

Et à quelle fréquence trouve-t-on l’hypercholestérolémie ?

« Elle concerne quelque 17 à 20 % de la population générale adulte. Tout patient ayant développé un accident cardiaque ou cérébral est considéré comme étant en hypercholestérolémie puisque que les valeurs moyennes de mauvais cholestérol (LDL) en Belgique sont de 125 mg/dl et qu’il faut descendre, dans ces cas-là, en dessous de 70 mg/dl. »

Est-il fréquent de présenter ces deux facteurs de risque simultanément ?

« Oui, surtout avec la prévalence du surpoids et de l’obésité qui va en augmentant et favorise l’hypertension selon une droite linéaire. Il en est de même en ce qui concerne la relation surpoids/hypercholestérolémie, le diabète venant s’ajouter à ce tableau clinique. »

« Si l’on regarde les tables de SCORE qui permettent d’évaluer le risque cardiovasculaire du patient qui n’a pas encore développé un problème cérébro- ou cardiovasculaire, un patient hypertendu voit son risque multiplié par deux. »

Chez un patient est à très haut risque cardiovasculaire, il faut traiter tous les facteurs de risque de manière intégrée, même si l’hypertension est légère.

« Même situation pour un patient hypercholestérolémique. Le fait d’avoir de présenter une hypertension et une hypercholestérolémie multiplie donc le risque par quatre ! »

Comment procède-t-on à la prise en charge des patients ?

« Si le patient est à très haut risque cardiovasculaire – antécédents d’infarctus, AVC, artérite périphérique, calcification artérielle, insuffisance rénale sévère, diabète, etc. -, il faut traiter tous les facteurs de risque de manière intégrée. Même une hypertension légère doit être traitée de manière significative dans ces situations. »

L’hypertension touche environ
25% de la population générale adulte
40% des plus de 60 ans

« Le traitement consiste d’abord en une série de conseils hygiéno-diététiques : bouger, perdre du poids, diminuer le sel et l’alcool en cas d’hypertension, les graisses saturées en cas d’hypercholestérolémie, etc. Viennent ensuite les statines pour traiter l’hypercholestérolémie et, en concomitance, les bêtabloquants, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les bloquants calciques et/ou les diurétiques pour traiter l’hypertension artérielle. »

L’adhésion thérapeutique du patient est bien sûr importante…

« Les médicaments n’agissent évidemment que… s’ils sont pris ! Un coaching du patient est souvent nécessaire pour le convaincre de prendre son traitement avec une grande régularité, de suivre l’évolution des valeurs tensionnelles mesurées et de faire analyser son sang pour vérifier si le traitement est efficace. Les instructions doivent être claires et écrites. »

L’hypercholestérolémie concerne quelque 17 à 20 % de la population générale adulte

« Dans le même temps, le médecin doit être ouvert à l’existence d’effets secondaires et pouvoir démontrer que le bénéfice du médicament est supérieur aux effets secondaires. Le cardiologue est souvent questionné concernant les effets secondaires des statines qu’une certaine presse présente parfois – à tort – comme très néfastes. »

« Une étude récente – l’étude STENO 2 – indique que si l’on agit sur tous les paramètres de risque (dans cette étude concernant des diabétiques de type II), on modifie de manière importante la qualité de vie du patient et on prolonge sa survie de 7,9 ans en moyenne, sur une durée d’étude de 21 ans. Cela en vaut donc la peine ! » 

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