Le diabète est la maladie chronique non transmissible la plus répandue au monde moderne. Comme le souligne Régis Radermecker, Chef de clinique du Service de diabétologie du CHU de Liège et professeur de pharmacologie clinique à l’université de Liège, il prend de plus en plus d’ampleur.
Texte : Philippe Van Lil
Pr. Régis Radermecker
Secrétaire général
Association du diabète
Qu’est-ce que le diabète de type 2 ?
Régis Radermecker : « Il s’agit d’une maladie, longuement silencieuse, caractérisée par une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire par un taux de glucose trop élevé dans le sang. Les patients sont résistants à leur propre insuline. »
« Sécrétée par le pancréas, cette hormone permet l’entrée du sucre dans les cellules pour qu’il soit utilisé comme carburant, particulièrement dans les muscles et le foie. Avec le diabète de type 2, l’organisme devient incapable de réguler la glycémie, d’où de graves problèmes de santé, en particulier cardiovasculaires. »
Quelle est la prévalence de la maladie ?
R. R. : « Il est difficile de la définir : un nombre important de personnes sont malades sans le savoir. Sur la base des campagnes de dépistage, on estime que 1,1 million de personnes – soit 10 % de la population ! – ont le diabète ou le prédiabète. En quelques années, on est passé de 150 à 500 millions de personnes diabétiques dans le monde. »
En Belgique, les soignants sont très bien formés et disposent d’outils remarquables comme les trajets de soins.
Comment pallier cette situation ?
R. R. : « Créé en 2019, le Belgian Diabetes Forum rassemble de multiples acteurs : médecins – dont moi-même -, associations de patients, représentants de l’industrie pharmaceutique, etc. Il a pour missions de parvenir à un engagement politique efficace, de renforcer la prévention, d’améliorer les soins et le niveau de bien-être des patients. »
« Nous avons rédigé un livre blanc contenant neuf revendications extrêmement pragmatiques. L’une de celles-ci est de mutualiser les outils existant en matière de lutte contre le diabète et d’en créer de nouveaux. Une autre est de disposer d’un registre de données électronique et anonymisé des patients, à l’instar des pays scandinaves et anglo-saxons. »
Qu’apporterait un tel registre ?
R. R. : « Il permettrait une meilleure prise en charge des patients et des évaluations pharmaco-économiques pour les autorités. L’intérêt se situe donc à la fois sur les plans scientifique et épidémiologique, dans l’implémentation de la prise en charge des patients et dans la rationalisation des coûts. Aujourd’hui, le coût sociétal de la prise en charge du diabète est essentiellement conditionné par les complications. Réduire celles-ci en les prévenant est l’un de nos objectifs primordiaux. »
Un autre point d’amélioration ?
R. R. : « En Belgique, les soignants sont très bien formés et disposent d’outils remarquables comme les trajets de soins. Toutefois, le travail d’équipe devrait être renforcé. Le diabète est une pathologie chronique qui nécessite une approche pluridisciplinaire rassemblant des médecins de première ligne, des diabétologues, des podologues, des diététiciens, des psychologues, etc. »