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Reconnaître et traiter efficacement le Covid long

effets Covid
En collaboration avec
Beaucoup de patients souffrent en de syndromes post-traumatiques : c’est pourquoi la psychothérapie est importante dans leur prise en charge.
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Beaucoup de patients souffrent en de syndromes post-traumatiques : c’est pourquoi la psychothérapie est importante dans leur prise en charge.

On manque encore de recul pour mesurer tous ses effets à long terme. Ce qui est sûr, c’est que le Covid long touche environ un tiers des patients. Le Docteur Nicolas Jean-Baptiste, de la clinique Saint-Luc à Bouge, nous en dit plus, notamment sur les bienfaits d’une revalidation dans le cadre d’un itinéraire clinique.

Dr Nicolas Jean-Baptiste
Spécialiste en médecine interne générale à la clinique Saint-Luc à Bouge 

Qu’entend-on précisément par Covid long ?


Nicolas Jean-Baptiste : « Il s’agit de la persistance ou de l’apparition de nouveaux symptômes 12 semaines après l’infection aiguë. Nombre de patients qui en souffrent depuis mars 2020 n’en sont toujours pas guéris. Quelque 35 % des patients touchés par le virus présentent encore un ou plusieurs symptômes après 3 mois et 15 % après 6 mois. C’est énorme ! Certains cumulent encore de 5 à 10 symptômes. À l’instar d’autres maladies chroniques, comme la polyarthrite, le syndrome de fatigue chronique ou encore la maladie de Crohn, on constate une évolution oscillante avec des poussées et des accalmies. »


Quels sont les nouveaux symptômes spécifiques ?


N. J.-B. : « Les symptômes classiques initiaux, qui peuvent donc persister pendant des mois, sont entre autres les maux de tête, la fatigue, la toux, l’essoufflement et les douleurs thoraciques. Les nouveaux symptômes atypiques du Covid long sont liés à des mécanismes spécifiques comme la persistance de particules virales au niveau des nerfs. Il en résulte notamment des atteintes du système nerveux autonome, qui se traduisent par des malaises, palpitations, chutes de tension et bouffées de chaleur. »

Quelque 35 % des patients touchés par le Covid présentent encore un ou plusieurs symptômes après 3 mois et 15 % après 6 mois.


Comment lutter contre le Covid long ?


N. J.-B. : « Notre itinéraire clinique s’axe de façon primordiale sur une kinésithérapie cardio-respiratoire et musculaire très graduelle, en conservant une perception modérée de l’effort. Nous prévoyons en outre de la psychothérapie, notamment. Beaucoup de patients souffrent en effet de syndromes post-traumatiques. La fatigue, le brouillard mental, les atteintes multi-organiques empêchent parfois une vie sociale et professionnelle normale, d’où des répercussions cliniques importantes en termes d’anxio-dépression. Les thérapies cognitivo-comportementales ainsi que les techniques de relaxation, de cohérence cardiaque et de sophrologie permettent de rebooster ces patients et de les réinsérer. »

Y a-t-il des traitements médicamenteux ?

N. J.-B. : « Nous disposons de médicaments qui commencent à être efficaces tant chez les patients fatigués chroniques que chez ceux du Covid long. Les deux maladies sont en effet cousines, avec une physiopathologie très similaire. »

Votre institution développe aussi une démarche spécifique liée aux troubles du système nerveux autonome…

N. J.-B. : « Il s’agit d’une prise en charge destinée aux patients qui souffrent de tachycardie, d’essoufflement, de vertiges ou encore de troubles digestifs avec diarrhées, constipation ou ballonnements. C’est probablement la partie la plus invalidante du Covid long, mais aussi la plus méconnue du corps médical. Elle est également liée à la persistance d’une inflammation dans les nerfs où le virus se fixe. »

Comment y remédier ?

N. J.-B. : « Des techniques comme le placement d’une électrode dans l’oreille gauche permettent de stimuler le nerf vague à la maison pendant quelques semaines, avec une efficacité démontrée sur ce type de symptômes. En outre, on propose des exercices pour rééquilibrer le système nerveux autonome, dont des douches froides quotidiennes entre 12 et 16°C. Ça a l’air un peu austère, mais ça fonctionne ! Cela permet d’opérer une sorte de ‘reset’ du système nerveux autonome. Enfin, des exercices de cohérence cardiaque, qui est une technique respiratoire, permettent à la fois de traiter la tachycardie et l’hyperventilation, mais aussi de tonifier les muscles respiratoires accessoires et le diaphragme. »

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