Les maladies neurologiques et psychiatriques, telles que la démence, les accidents vasculaires cérébraux, la sclérose en plaques, le traumatisme crânien, l’anxiété et la dépression, représentent un enjeu médical et sociétal majeur.
Prof. Dr. Steven Laureys
neurologue et auteur
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus d’un tiers des Européens souffriront d’une maladie liée au cerveau au cours de leur vie. En Belgique, le coût de ces affections dépassent les 20 milliards d’euros par an.
Face à cette réalité, il est plus que jamais nécessaire d’intensifier les efforts de sensibilisation, tout en renforçant le soutien à la recherche et aux soins cliniques. Il est essentiel d’améliorer l’accès aux soins spécialisés et technologiques tout en promouvant une médecine plus holistique, centrée sur une médecine participative ainsi qu’en renforçant la prévention en promouvant un meilleur mode de vie. Le European Brain Council et le Belgian Brain Council, dont le Coma Science Group est membre, œuvrent précisément pour fédérer les acteurs autour d’une stratégie collective en faveur de la santé du cerveau. Le récent lancement du European Brain Data Hub, à l’initiative du BBC, constitue un instrument prometteur pour la collecte collective de données sur les maladies du cerveau, facilitant ainsi la recherche et l’innovation.
Un style de vie adapté
Le cerveau est un organe étonnamment malléable, et son bon fonctionnement dépend de nombreux facteurs. Le sommeil, l’activité physique, l’alimentation et la gestion du stress sont essentiels pour préserver notre santé cérébrale. Le sommeil, par exemple, consolide la mémoire et d’éliminer les toxines cérébrales, mais les troubles du sommeil, qui touchent une trop grande partie de la population, augmentent le risque de développer des maladies neurodégénératives et psychiatriques.
De même, l’activité physique favorise la neuroplasticité, cette capacité du cerveau à se réorganiser. Des études montrent qu’une activité physique modérée de 30 minutes par jour réduit significativement le risque de maladies cérébrales comme la démence dégénérative et vasculaire.
L’alimentation joue également un rôle crucial. Adopter un régime riche en fibres et en aliments aux propriétés anti-inflammatoires, comme le régime méditerranéen, diminue les risques d’inflammation, un facteur aggravant de nombreux troubles neurologiques.
Les traumatismes crâniens sont une autre source majeure de préoccupation. Qu’ils résultent des accidents de la route ou à de pratiques sportives, les traumatismes cérébraux touchent chaque année des milliers de Belges, avec des conséquences souvent graves et durables. Aujourd’hui, des approches innovantes en neurostimulation non invasive, comme la stimulation magnétique transcrânienne (TMS), offrent de nouvelles pistes thérapeutiques complémentaires. Ces techniques, qui modulent directement l’activité cérébrale, permettent de promouvoir la plasticité neuronale et d’atténuer certains symptômes neurologiques et psychiatriques.
L’importance de la collaboration
Investir dans la recherche fondamentale, translationnelle, clinique et multidisciplinaire en neurosciences est crucial pour permettre à ces avancées d’atteindre les patients. Le soutien aux patients, à leurs familles, aux associations de patients, ainsi qu’aux cliniciens, chercheurs, et partenaires privés est essentiel pour concrétiser ces innovations thérapeutiques.
Face aux défis liés aux maladies du cerveau, la collaboration est la clé. Ensemble, nous devons créer en Belgique un environnement qui favorise la recherche et l’innovation pour améliorer les soins des maladies du cerveau. Les associations de patients jouent un rôle fondamental en aidant à orienter les recherches vers des solutions pratiques, concrètes et accessibles, adaptées aux besoins réels des personnes concernées et de leurs familles.
Recherche
« En tant que directeur de recherches au FNRS à l’Université de Liège et titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la plasticité neuronale à l’Université Laval, je suis fier de contribuer à ces efforts. La recherche sur la santé cérébrale est en pleine croissance, mais elle nécessite des moyens accrus et une meilleure coordination à l’échelle nationale et internationale.
Soutenir l’innovation tout en intégrant les citoyens dans des initiatives de prévention est essentiel pour bâtir un meilleur avenir pour la santé de notre cerveau. Je vous invite à adopter des habitudes favorisant votre santé cérébrale et votre bien-être mental. En unissant nos efforts, en améliorant la prévention et en investissant dans des soins innovants, spécialisés, technologiques mais aussi humanistes et à l’écoute des patients et de leurs familles, nous pouvons réduire considérablement le fardeau des maladies cérébrales et améliorer la qualité de vie de millions de personnes. Ensemble, nous pouvons faire de la santé cérébrale une priorité.»
Investir dans la recherche fondamentale, translationnelle, clinique et multidisciplinaire en neurosciences est crucial pour permettre à ces avancées d’atteindre les patients.
Prof. Dr. Steven Laureys
neurologue et auteur
/ Cet article a été réalisé en collaboration avec le Belgian Brain Council.