Souvent stigmatisante, l’obésité n’est pas une fatalité. Consulter son médecin ou un spécialiste est vivement recommandé.
Quels sont les principaux facteurs contribuant à l’obésité ?
Professeur Jean-Paul Thissen, endocrinologue aux Cliniques universitaires St-Luc de l’UCLouvain : « Certains facteurs environnementaux sont mis en avant, à savoir la sédentarité et surtout l’alimentation, en particulier si celle-ci est ultra-transformée ou source de plaisir. Toutefois, alors que nous sommes tous exposés au même environnement, nous ne développons pas tous une obésité. Certaines personnes y seront plus disposées que d’autres, de par la génétique, par exemple, ou de par la gestion des émotions, du stress, du manque de sommeil… »
Pourquoi est-il difficile de perdre du poids et surtout de s’y maintenir ?
Pr. Jean-Paul Thissen : « De nombreux mécanismes se lient pour vous faire reprendre du poids. Dès que vous en perdez, certains changements hormonaux se mettent en place pour stimuler votre appétit et réduire votre dépense d’énergie, freinant ainsi la perte de poids, voire favorisant sa reprise. Ce sont des mécanismes physiologiques qui ont probablement été développés dans notre organisme suite à l’évolution, l’espèce humaine ayant affronté beaucoup plus de périodes de famine que de périodes de pléthore alimentaire. Les recherches récentes démontrent qu’il existe une mémoire dans le cerveau et dans le tissu adipeux qui se rappelle que nous avons eu un poids plus élevé, favorisant ainsi la reprise. Ce qui fait de l’obésité une maladie chronique et ce qui souligne encore plus l’importance de la prévention. »
L’obésité entraîne pourtant encore souvent des préjugés et un manque d’empathie ?
Pr. Jean-Paul Thissen : « Certains patients en obésité développent eux-mêmes des préjugés : on les a tellement convaincus que c’était leur faute qu’ils se sentent coupables et ne sont donc pas surpris de se voir stigmatisés. La société contribue beaucoup à ce phénomène, mais parfois aussi, et c’est plus inquiétant, le corps médical. Certains médecins alimentent les préjugés et pensent qu’il suffit de manger moins et de bouger plus pour perdre significativement du poids. Or, la science nous apporte de nombreux arguments prouvant qu’on peut, bien sûr, prévenir la prise de poids, mais que, contrairement à une idée reçue assez tenace, une fois l’obésité installée, la volonté et la motivation ne sont pas suffisantes pour perdre du poids de façon significative et à long terme. »
Pouvez-vous évoquer brièvement les différents traitements existants ?
Pr. Jean-Paul Thissen : « Le traitement de l’obésité repose traditionnellement sur la réduction de l’apport calorique et l’augmentation des dépenses énergétiques par le biais de l’activité physique. Cependant, cette approche, logique a priori, n’engendre le plus souvent qu’une perte de poids modeste et surtout peu durable chez la plupart des patients. La dernière décennie a vu le développement de nouveaux médicaments ciblant l’obésité. Ces médicaments qui miment l’action d’hormones gastro-intestinales stimulent la satiété et amplifient de la sorte la perte de poids engendrée par le traitement diététique. Parallèlement à la perte de poids, ces médicaments exercent de façon très intéressante un effet favorable sur de nombreuses complications de l’obésité. Ils améliorent clairement la santé de nos patients bien au-delà de la perte de poids. La chirurgie bariatrique ne s’indique qu’en cas d’obésité morbide ou sévère avec complications. »
Encore faut-il que les patients prennent l’initiative d’une visite chez leur médecin ?
Pr. Jean-Paul Thissen : « Le fait est que les patients vont rarement chez leur généraliste pour leur excès de poids. Par contre, ils y vont souvent avec une plainte qui y est potentiellement liée, sans qu’ils s’en rendent compte : hypertension, ronflements, diabète sucré… Ce qui doit donc encourager leur médecin à y être attentif et à aborder le sujet avec eux avec empathie. Ce n’est pas un processus facile, et en général, les médecins sont relativement peu formés aux problématiques liées à la nutrition et l’obésité. C’est la raison pour laquelle, avec des collègues de l’ULB et d’ULiège, nous avons développé il y a une dizaine d’années un certificat de nutrition clinique destiné aux médecins, dans lequel est abordée la problématique de l’obésité. Cette formation suscite un réel intérêt auprès des jeunes générations de médecins et favorise une prise de conscience bénéfique pour la prise en charge de ces patients. »
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