Le psoriasis est une maladie cutanée qui peut avoir un impact substantiel sur la qualité de vie des patients. Heureusement, l’émergence d’une nouvelle approche de la maladie, centrée sur leur vécu, ainsi que l’apparition de nouveaux traitements permettent d’envisager leur avenir avec plus de sérénité. Entretien avec le Professeur Dr. Pierre-Dominique Ghislain, Dermatologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc.
Professeur Dr. Pierre-Dominique Ghislain
Dermatologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc
Geoffrey Hailart
Patient psoriasis
L’apparition du psoriasis semble être liée au stress, ainsi qu’à une prédisposition familiale. Souvent, il est aussi l’expression d’un état inflammatoire général. Ainsi, plus de 65 % des personnes affectées souffrent également par exemple de diabète, d’obésité ou d’hypertension, ou développent des maladies cardiovasculaires. « Les liens entre ces divers éléments restent encore relativement obscurs », relève néanmoins le Docteur Ghislain. « Il ne s’agit pas d’effrayer les patients, mais de les inciter à rester vigilants. »
Petit psoriasis, grande souffrance
Suivant l’étendue des plaques, on distingue le « petit psoriasis », qui affecte une surface restreinte de la peau, du « grand psoriasis », qui peut recouvrir la majeure partie du corps. Pour mesurer la sévérité de la pathologie, les médecins utilisent le Psoriasis Area Severity Index. Le score obtenu est basé sur la superficie de la zone touchée par la maladie, son emplacement et l’intensité des manifestations.
Chaque avancée médicale est une chance offerte aux patients de retrouver espoir et qualité de vie.
Cette approche ne doit toutefois pas occulter l’impact psychologique de la maladie. « Certaines personnes se renferment sur elles-mêmes, avec des effets négatifs sur leurs relations sociales et conjugales », alerte Pierre-Dominique Ghislain. « Cet aspect est pris en compte par un autre outil : le Dermatology Life Quality Index. Il offre une vision holistique des conséquences du psoriasis sur la qualité de vie des individus concernés. »
La qualité de vie en priorité
Pour combattre les effets du psoriasis, une excellente hygiène de vie s’impose, ce qui inclut notamment des activités sportives et sociales. Il faut aussi bien hydrater sa peau et éviter les frottements au niveau des zones affectées. En outre, des crèmes à base de vitamines D permettent de régulariser le renouvellement cellulaire, tandis que d’autres à base de cortisone ont une action anti-inflammatoire sur les zones concernées. L’exposition à la lumière et aux ultraviolets soulage également bon nombre de patients, mais elle doit être à utiliser avec mesure et prudence.
Par ailleurs, de nouveaux traitements par biothérapie sont apparus sur le marché. De petites molécules avancées sont administrées sous la forme de comprimés et il existe aussi des traitements sous forme d’injections. Agissant de façon efficace sur les symptômes, ces molécules restent néanmoins généralement coûteuses ; elles sont habituellement bien tolérées, avec peu d’effets secondaires, mais il convient de toujours rester prudent. On ne les réserve donc souvent qu’aux patients souffrant des formes les plus sévères de la maladie.
Traiter le psoriasis, ce n’est pas seulement soigner la peau, c’est aussi redonner confiance et sérénité aux patients.
Atteint de la maladie en 2011, Geoffrey Haiart témoigne des difficultés qu’elle engendre : « Jusqu’il y a deux ans, les soucis étaient journaliers : les plaques n’étaient pas jolies à voir, me démangeaient, me donnaient des sensations de brûlure, étaient parfois mal placées et frottaient aux vêtements… Et quand j’allais dormir, j’avais l’impression de me coucher sur de la laine de roche, tellement que cela me grattait et piquait de partout. » Heureusement, une solution a mis un terme à ses souffrances : « Depuis que j’ai eu accès à un traitement de biothérapie, je n’ai plus du tout d’impact. Tout a disparu ! Aujourd’hui, je poursuis ce traitement à raison d’une injection par mois. »
D’autres substances – des traitements systémiques tels que le méthotrexate et la ciclosporine – sont toutefois désormais mieux remboursées dans le cadre des petits psoriasis. « J’encourage vivement tous les patients à venir ou revenir consulter un dermatologue. Les dernières avancées médicales sont vraiment à même de leur faire retrouver une bonne qualité de vie. Si on ne traite pas convenablement un psoriasis, même apparemment limité, cela peut avoir de grandes conséquences pour la qualité de vie du patient », conclut le Docteur Ghislain.
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