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De nouveaux médicaments donnent de l’espoir aux patients migraineux

La migraine limite les capacités de fonctionnement et a un impact majeur sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Heureusement, de nouvelles options thérapeutiques élargissent les possibilités d’intervention, tant à titre préventif qu’en cas de crise, réduisant ainsi l’impact de ce trouble. Le Professeur Koen Paemeleire, neurologue spécialisé dans les troubles migraineux à l’UZ Gent nous en dit plus à ce propos.

Pr Koen Paemeleire

neurologue spécialisé dans les céphalées

UZ Gent

« Dans le passé, la migraine était principalement considérée et traitée comme une affection psychologique ou un type de céphalée. Aujourd’hui, nous savons qu’il s’agit d’un trouble cérébral en partie génétique, dans lequel le traitement de l’information est perturbé. Il en résulte que les patients souffrent régulièrement d’épisodes de maux de tête qui les obligent à rester au repos. Le mal de tête n’est donc que l’un des symptômes d’un problème sous-jacent plus important. Chez de nombreux patients, il s’y ajoute aussi d’autres manifestations comme une altération du traitement des stimuli, des problèmes cognitifs et des difficultés de concentration pendant les crises. »

Le défi du diagnostic

« La migraine ne peut pas être détectée par un scanner cérébral classique. Ce n’est pas l’anatomie ou la forme du cerveau qui est en cause, mais sa fonction. Il n’existe pas non plus de biomarqueur permettant de poser un diagnostic concluant. Par conséquent, nous devons nous appuyer sur une classification des céphalées acceptée au niveau mondial. Il s’agit de poser les bonnes questions pour savoir si le patient répond à certains critères lui permettant d’accéder à des traitements ciblant spécifiquement la migraine. Cela demande non seulement beaucoup de travail, mais exige aussi d’avoir les connaissances nécessaires. »

Options de traitement aigu et préventif

« Nous disposons à la fois de traitements contre les crises et de traitements prophylactiques. Les options classiques de traitement des crises sont les anti-inflammatoires et les triptans. Les traitements préventifs visent à réduire la fréquence des crises. Ils comprennent certains bêtabloquants, des médicaments antiépileptiques et des antidépresseurs. Ces médicaments ont été développés dans un but différent, mais ils agissent sur le cerveau et peuvent donc également avoir un effet positif sur les migraines.

La migraine ne peut pas être détectée par un scanner cérébral classique : ce n’est pas l’anatomie ou la forme du cerveau qui est en cause, mais sa fonction.

Par ailleurs, des traitements spécifiques pour la migraine ont été mis au point. Par exemple, nous disposons aujourd’hui d’anticorps monoclonaux (de synthèse) qui bloquent l’action de la protéine CGRP. Dans des situations spécifiques, ces médicaments sont déjà remboursés en Belgique. Contre la migraine chronique, le botox est également remboursé dans des conditions particulières. »

Nouvelle classe de médicaments

« Récemment, on a vu apparaître sur le marché une nouvelle classe de médicaments appelés « gépants », qui ciblent également la protéine CGRP et peuvent servir à la fois de traitement des crises et de traitement préventif. Toutefois, il convient de bien évaluer dans quel sous-groupe il vaut le mieux utiliser ces médicaments. Pour l’instant, nous sommes dans l’attente d’un éventuel remboursement avant d’inviter tous les patients qui n’ont pas été suffisamment aidés par les médicaments disponibles à discuter de ces nouvelles options thérapeutiques. »

En chiffres

– Au niveau mondial, on estime qu’environ 15 % de la population a eu au moins une crise de migraine au cours de l’année écoulée.

– Lorsqu’un patient présente chaque mois plus de 15 jours de maux de tête et au moins 8 jours de migraine, on parle de migraine chronique. Environ 1 % de la population en souffre.

– Des études menées en collaboration avec l’OMS montrent que les migraines sont jusqu’à trois fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Cette différence serait due en partie à la génétique et en partie aux œstrogènes.

– Chez les femmes de moins de 50 ans, la migraine est la principale cause d’incapacité à fonctionner normalement. La migraine touche ainsi de nombreuses personnes dans les années où elles sont normalement les plus actives sur le plan professionnel, familial et social.

Témoignage : vivre avec la migraine chronique

Nina souffrait de maux de tête de plus en plus fréquents depuis 2022. La situation s’est aggravée jusqu’à ce qu’elle ne connaisse plus de jour sans souffrir de maux de tête intenses. Le diagnostic : migraine chronique.

À la recherche du bon traitement

Nina : « Malheureusement, les premières tentatives de mon médecin généraliste pour remédier à mes maux de tête sont restées sans effet. J’ai également pris plusieurs semaines de congé pour exclure que les maux de tête soient dus au stress, à la pression du travail ou à un manque de sommeil. J’ai aussi bu plus d’eau et évité l’alcool et la caféine pour écarter ces causes possibles. Pourtant, le problème a continué à s’aggraver. »

« Au début du mois de mars 2023, j’ai été admise aux urgences pour des douleurs intolérables. Les examens qui ont suivi ont rapidement révélé que je souffrais de migraine chronique. Avec le neurologue, j’ai commencé à chercher le bon traitement. Il existe en effet de nombreux médicaments contre la migraine, car les causes sont également diverses. Après de nombreuses tentatives infructueuses, j’ai récemment commencé à essayer une association d’inhibiteurs de la CGRP et d’un autre médicament. La douleur me semble avoir un peu diminué, mais je ne suis toujours pas en mesure d’accomplir toutes mes activités habituelles », explique Nina.

Impact important sur la vie professionnelle et sociale

« Actuellement, ma vie se résume à me lever, aller au travail et me recroqueviller dans mon lit dès que je rentre chez moi. Au niveau professionnel, j’aime beaucoup ce que je fais, c’est pourquoi je veux absolument continuer à travailler. En outre, cela me donne un but, et j’en ai désespérément besoin sur le plan mental. Cependant, toutes les activités annexes comme faire la vaisselle, passer l’aspirateur et faire les courses, ainsi que les activités sociales avec les amis ou le sport, etc. provoquent un énorme pic de maux de tête. De plus, les jours où les maux de tête sont particulièrement lourds, il m’est souvent difficile d’effectuer mon travail correctement. »

Nina : « Heureusement, ma famille, mes amis, mon chef et mes collègues sont extrêmement compréhensifs lorsque mon mal de tête m’oblige à modifier mon emploi du temps à la dernière minute. Entre-temps, je suis entrée en contact avec l’asbl HoofdStuk. Je peux y partager mes expériences et mes conseils avec d’autres personnes souffrant de maux de tête et, en tant que patiente, je peux leur adresser toutes les questions que je me pose. »

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