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Santé Féminine

En 2025, les femmes sont toujours aussi vulnérables face au VIH

Sur les 18.000 personnes vivant avec le VIH en Belgique en 2023, les deux tiers sont des hommes1. Cela ne veut pas dire que les femmes échappent à toutes les conséquences de la maladie, entre stigmatisation et vulnérabilité sociale.

Charlotte Martin

Professeure et cheffe du service des Maladies Infectieuses au CHU Saint-Pierre

Le VIH est une infection qui touche aussi bien les hommes que les femmes, mais avec des différences notables. En Belgique, environ 18  000 patients sont concernés, avec une majorité d’hommes1. « Les deux tiers des patients sont des hommes  », explique Charlotte Martin, professeure et cheffe du service des Maladies Infectieuses au CHU Saint-Pierre. Cette répartition s’explique par deux types d’épidémie : l’une hétérosexuelle, touchant également hommes et femmes, et l’autre principalement masculine, dans la population des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes1

Un manque de données et des défis sociaux pour les femmes 

L’impact du VIH diffère entre hommes et femmes. « L’infection a été moins étudiée chez les femmes », souligne la spécialiste, précisant que la majorité des études se font sur les hommes, en majorité Caucasiens, souvent homosexuels. « Il y a un déficit de données sur les femmes. Je pense par exemple aux effets des traitements au niveau métabolique et cardiovasculaire chez les femmes. Il y a aussi un manque de données criant sur l’impact de l’infection et des traitements sur les cycles hormonaux, la ménopause, etc2. » 

« Sur le plan médical, les femmes réagissent différemment aux traitements », explique Charlotte Martin. Toutefois, l’espérance de vie ne varie pas significativement entre les sexes1. Mais socialement, les femmes séropositives font face à de lourdes difficultés. « Elles sont souvent issues de groupes vulnérables à plusieurs niveaux, sont parfois précaires, sans papiers,…. L’infection par le VIH aggrave leur situation. » 

Stigmatisation et vulnérabilité 

Le rejet social est une autre épreuve. « Je ne compte plus les femmes abandonnées par leur compagnon après avoir révélé leur séropositivité », confie la médecin. Certaines se retrouvent à la rue avec des enfants. Cette stigmatisation est aussi à l’œuvre dans les milieux professionnels, ou les milieux de soins. « Nous sommes en 2025, et des dentistes refusent encore de soigner des patients vivant avec le VIH », déplore-t-elle. Les femmes sont-elles plus exposées au VIH ? « Oui, à plusieurs niveaux », répond Charlotte Martin. 

« Biologiquement, la muqueuse vaginale est plus perméable que celle du pénis, ce qui accroît le risque de transmission à la femme. Dans les pays où l’épidémie est majoritairement hétérosexuelle, on observe d’ailleurs davantage de femmes infectées, alors que les hommes ont plus de partenaires. » Enfin, le facteur social joue un rôle : « Les femmes n’ont malheureusement souvent pas le contrôle sur le port du préservatif. » 

Les femmes n’ont malheureusement souvent pas le contrôle sur le port du préservatif. 

VIH : urgences en prévention 

Les défis à venir se concentrent sur trois axes : prévention, traitements et lutte contre la stigmatisation. « Les femmes doivent avoir davantage d’outils de prévention à leur disposition », insiste la spécialiste. La PrEP, un traitement antirétroviral préventif, bien implémenté dans la population des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, reste malheureusement encore peu accessible aux femmes. Concernant les traitements, l’avenir repose sur des études cliniques où les femmes seraient beaucoup plus incluses, pour étudier l’effet à court et long terme des traitements antirétroviraux.

« Désormais, il y a plus d’attention sur le fait d’inclure une proportion minimum de femmes dans les études, explique Charlotte Martin. Un gros travail de conscientisation a été fait, mais il y a encore une grosse marge d’amélioration. De récents traitements ont été développés afin de mieux prendre en compte les besoins particuliers des personnes vivants avec le VIH. « Ces avancées apportent un vrai soulagement, surtout pour les femmes qui vivent une charge mentale importante liée à leur maladie. » 

Enfin, la lutte contre la stigmatisation demeure essentielle. « L’ignorance autour du VIH est encore répandue. Beaucoup de gens ont encore l’idée qu’il s’agit d’une maladie honteuse et mortelle, alors qu’aujourd’hui, elle est totalement gérable, rappelle-t-elle. « En Afrique, certaines personnes infectées par le VIH sont reniées par leur famille, et en Europe, cela arrive aussi. Une bonne information est essentielle pour permettre aux personnes vivant avec le VIH d’avoir une vie normale. » 

Je ne compte plus les femmes abandonnées par leur compagnon après avoir révélé leur séropositivité.

Des avancées majeures mais des défis persistants 

Parmi les avancées majeures, la possibilité pour les femmes séropositives d’avoir des enfants non-infectés par le VIH constitue un progrès gigantesque. « Si la charge virale reste indétectable toute la grossesse, le risque de transmission au bébé est quasi nul », explique Charlotte Martin. Depuis quelques années, des traitements antirétroviraux plus simples et très efficaces ont permis de simplifier la prise en charge des futures mamans. 

Un dernier enjeu subsiste : l’allaitement. « Même avec une charge virale indétectable pendant l’allaitement, le risque de transmission du VIH au bébé est faible mais existe A l’heure actuelle, la plupart du temps, nous devons donc recommander aux mères de ne pas allaiter. » 

L’un des messages les plus importants est le concept ‘I=I’, soit ‘indétectable  = intransmissible3’. « Une personne vivant avec le VIH et sous traitement efficace depuis plus de six mois ne peut plus transmettre le virus à son partenaire », insiste Charlotte Martin. « Cette avancée a bouleversé la vie des personnes vivant avec le VIH, leur offrant une existence plus sereine. Pourtant, cette information reste méconnue. Informer reste essentiel pour lever les tabous et garantir une meilleure acceptation sociale », conclut-telle.

Références : 

1. Sciensano, Epidemiologie du VIH en Belgique. Situation au 31 décembre 2023, Rapport 2024 

2. Van Ommen CE, King EM, Murray MCM. Age at menopause in women living with HIV: a systematic review. Menopause. 2021 Dec 1;28(12):1428-1436. doi: 10.1097/GME.0000000000001871. PMID: 34854838. 

3. Prevention Access Campaign (PAC), https://www.preventionaccess.org/undetectable, Laatst geraadpleegd Februari 2025. 

| NP-BE-HVU-ADVR-250002 – Février 2025 

| Cet article a été réalisé avec le soutien de ViiV Healthcare.

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