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Maladies coronaires : les femmes plus vulnérables ?

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Les maladies coronaires sont la première cause de mortalité chez les femmes. Le Docteur Christophe Laruelle, Chef du service cardiologique de la clinique Saint-Luc à Bouge et son collègue le Docteur Assistant MACCS Merveil Ndongala, nous en détaillent les différents aspects.

Dr Christophe Laruelle

Chef du service cardiologique

clinique Saint-Luc à Bouge

Dr Assistant MACCS Merveil Ndongala

clinique Saint-Luc à Bouge

Qu’entend-on par maladies coronaires ?

Christophe Laruelle : « En Belgique, les maladies cardiovasculaires causent quelque 31.000 décès par an. Les maladies coronaires, qui en font partie, sont la principale cause de consultation et d’hospitalisation en cardiologie. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une obstruction de l’artère, due au dépôt de mauvais cholestérol au niveau de l’endothélium, la paroi interne d’une artère. Cela forme des plaques d’athéromes qui bouchent partiellement l’artère. Cela peut se traduire par un angor, une douleur à l’effort au niveau de la poitrine, de la mâchoire, des épaules ou du bras gauche. Mais cela peut aussi prendre la forme du syndrome coronarien aigu ou d’un infarctus lorsque les plaques d’athéromes se fissurent et qu’un caillot se forme. Là, l’artère est presque complètement bouchée et il faut intervenir en urgence pour faire une revascularisation mécanique, par exemple avec un stent. »

Les facteurs de risques cardiovasculaires sont aussi nombreux, si pas plus, pour les femmes que pour les hommes et tout aussi dangereux.

En quoi ces maladies impactent-elles différemment les hommes et les femmes ?

C. L. : « Chez l’homme, le cancer est la première cause de mortalité, devant les maladies cardio-cérébro-vasculaires. Chez la femme, c’est l’inverse. On a longtemps pensé que les hormones naturelles comme l’œstrogène offraient une protection, mais celle-ci est toute relative. Les facteurs de risques cardiovasculaires sont aussi nombreux, si pas plus, que pour les hommes et tout aussi dangereux. Le stress, le diabète de type 2, les syndromes métaboliques et la sédentarité jouent un rôle plus important pour les femmes. »

« De surcroît, pour les douleurs associées entre poitrine, mâchoire, épaules et bras gauche, les symptômes peuvent être atypiques. Comme ils sont plus sournois, les femmes arrivent souvent plus tard en consultation, voire en urgences avec un syndrome coronarien aigu. Dans cette situation ‘time is muscle’ : plus tôt on revascularise le myocarde, plus on protège le patient du risque d’insuffisance cardiaque. Les femmes sont également exposées à un risque plus élevé de dissection spontanée de l’artère coronarienne (DSAC). »

Les artères des femmes au niveau des poignets sont en effet plus fines et donc plus difficiles à atteindre pour pratiquer une coronarographie et plus difficiles à pomper et à dilater ;

Que se passe-t-il dans ce cas-ci ?

Merveil Ndongala : «Certaines patientes le plus souvent jeunes, présentant peu de facteurs de risques cardiovasculaire classiques sont parfois susceptibles de présenter un événement coronarien. Il ne s’agit pas du cas typique de formation de plaques de cholestérol. La DSAC est souvent consécutive à un événement comme un pic de stress intense ou un effort physique violent. On peut alors avoir une déchirure de l’endothélium ou la formation d’un hématome directement sur la paroi. S’ensuivent un rétrécissement de l’artère, une baisse du flux sanguin qui alimente le cœur et un infarctus du myocarde. Il existe des techniques endovasculaires pour le diagnostic de certitude des DSAC, mais sont peu utilisées en routine. »

Plus globalement, existe-t-il des traitements spécifiques pour les femmes ?

C. L. : « Au-delà des symptômes atypiques, il peut y avoir des complications. Les artères des femmes au niveau des poignets sont en effet plus fines et donc plus difficiles à atteindre pour pratiquer une coronarographie et plus difficiles à pomper et à dilater. En outre, même la revalidation cardiaque peut poser des problèmes. On propose un programme de six mois avec réentraînement à l’effort, gestion du stress, etc. Si vous dites à un homme qui a fait un infarctus qu’il va devoir faire de la gymnastique en groupe, il acceptera pratiquement tout le temps. Pour une femme, il y a beaucoup plus de freins. Pourtant les patients qui font de la revalidation auront bien moins besoin de consultations, de médicaments, voire d’une réhospitalisation ultérieure. »

En Belgique, les maladies cardiovasculaires causent quelque 31.000 décès par an.

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