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Santé

« Ce que nous défendons, c’est une technologie au service de l’humain et de la santé »

Lara Vigneron, co-fondatrice et coordinatrice du WeLL. photo : Kris Van Exel.

Quel avenir pour les technologies dans le secteur de la santé ? Mais surtout, quel rôle leur donner ? Point de vue de Lara Vigneron, co-fondatrice et coordinatrice du WeLL, le living lab wallon qui fait partie du Pôle de compétitivité MecaTech et qui veille à mettre l’innovation au service de la santé.

Texte : Maria-Laetitia Mattern

En Belgique, à quoi s’attendre en matière d’innovation dans le domaine de la santé ?

« L’innovation dans le domaine de la santé est un levier à la fois économique, social et sociétal. Si la Wallonie est déjà l’un des leaders mondiaux dans le développement des biotechs, l’objectif est aujourd’hui de renouveler ce succès dans le domaine des medtechs, c’est-à-dire les dispositifs médicaux liés aux sciences de l’ingénieur. »

Comment favoriser l’émergence de projets constructifs ?

Lara Vigneron, co-fondatrice et coordinatrice du WeLL. photo : Kris Van Exel.

« L’un des enjeux est la participation des utilisateurs (patients et professionnels de santé) dans le développement des innovations. Il est important de veiller à ce que les innovations répondent à un besoin réel des utilisateurs. Les impliquer permet aussi une meilleure appropriation de ces innovations : pour qu’elles correspondent non seulement à leurs besoins fonctionnels mais aussi à leurs pratiques et usages.

Un autre moyen est de structurer les systèmes et les processus d’innovation. Par exemple, en favorisant, au sein des hôpitaux, l’émergence de centres d’innovations qui collectent les besoins des professionnels et des patients. Mais aussi, de permettre un rapprochement entre l’écosystème santé ‘classique’ et la sphère économique, un enjeu important pour le Pôle MecaTech au travers du montage de projets collaboratifs innovants.

Un troisième moyen consiste à encourager le décloisonnement entre différents secteurs, ou à favoriser des modèles d’innovation disruptifs. C’est le cas de Cytomine, une société coopérative active en imagerie médicale, un statut inhabituel dans le domaine. C’est aussi l’idée de l’entreprenariat social et solidaire, soutenu par des mouvements tels que Tech 4 Good. »

Quels rôles les technologies peuvent-elles – voire doivent-elles – avoir dans la santé ?

« Les technologies ont une place importante dans le secteur de la santé – et cette place ne va faire que grandir. Les aspects les plus concernés sont notamment le domicile : le fait que l’hôpital sorte de ses murs et s’adapte au domicile des patients grâce à de nouveaux dispositifs. Dans une vision plus large de la santé et du bien-être, l’autonomie des personnes âgées s’en verra également renforcée. Mais nous devons décider du rôle que ces technologies vont avoir dans notre société.

Je souhaite ici mettre en avant le travail réalisé par la Fondation Roi Baudouin avec Teckno 2030, qui pose un cadre pour une utilisation saine de la technologie dans le secteur de la santé. Via cette initiative, les participants ont émis huit principes directeurs pour s’assurer qu’à l’avenir, les technologies soient vraiment au service des personnes, sans faire de la technologie pour la technologie, ou pour des intérêts purement économiques.

Ces principes peuvent être résumés en trois mots : confiance (des utilisateurs envers les innovations, via la transparence et la collaboration), encapacitation (des patients pour choisir et utiliser ces technologies à bon escient) et enfin, durabilité, (dans une vision éthique et plus globale de la santé). »

WeLL.

En quoi la crise liée à la Covid-19 a-t-elle accéléré le changement par rapport à certaines innovations en santé ?

« Les crises sont très propices au changement : dans l’urgence, il a fallu trouver des solutions, notamment en matière de télémédecine. Le point positif, c’est que cela a montré à quel point certaines innovations étaient envisageables voire avantageuses. Mais il va falloir améliorer ces solutions créées dans l’urgence et surtout accompagner les changements de pratiques. »

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