L’hypersalivation est un symptôme aussi commun que pénible des maladies neurologiques telles que le Parkinson. Pour le soigner, de nouvelles pistes de traitements ont fait leurs preuves. Explications de la Professeure Frédérique Depierreux, neurologue au CHU de Liège.
Difficultés d’élocution, écoulement involontaire de bave : l ’ hypersalivation est physiquement et socialement très handicapante. « Ce symptôme concerne notamment la maladie de Parkinson », explique la Professeure Frédérique Depierreux, « mais aussi d’autres maladies neuromusculaires telles que la maladie de Charcot, par exemple. »
Extrêmement invalidant
« Hypersalivation ne veut pas dire qu’il y a surproduction de salive », précise la neurologue. « Il s’agit en fait bien d’un défaut de déglutition, ce qui fait que la salive s’accumule en amont parce que le sujet ne déglutit plus. On appelle aussi cela le ptyalisme, c’est une forme d’incontinence salivaire, de bavage. » On estime que presque 80 % des patients atteints du Parkinson sont concernés par ce symptôme, mais « ce chiffre est à prendre avec des pincettes, car dans les formes tardives, ou dans certaines formes du Parkinson, il y a hypersalivation dans presque 100 % des cas », précise la Professeure.
Une chose est sûre, « l’hypersalivation est un symptôme extrêmement invalidant. Les patients doivent se balader avec un bavoir, des mouchoirs, … Ils se sentent souvent stigmatisés, gênés. Leurs capacités d’élocution sont également atteintes, avec ce qu’on appelle une dysarthrie (difficulté d’articulation, ndlr.). En ORL, on appelle cela une ‘voix mouillée’, qui les rend moins compréhensibles. »
Des traitements plus accessibles
Pour traiter ce symptôme gênant, la première prise en charge est logopédique. « Le logopède donne des astuces pour aider le patient à réapprendre à avaler. Le souci c’est que cette prise en charge logopédique n’est jamais suffisante », explique la neurologue.
« D’un point de vue pharmacologique, on ne peut pas agir sur la composante de déglutition. On agit donc sur la production de la glande salivaire. » En première ligne, le traitement consiste alors en des anticholinergiques, médicaments qui agissent sur le système nerveux autonome, et qui diminuent la production des glandes. « Mais ces médicaments, plutôt que de cibler les glandes salivaires, bloquent tout le système cholinergique, provoquant également une diminution de la production des larmes, de la sudation, etc. Ils peuvent aussi donner des hallucinations », explique notre interlocutrice.L’utilisation de ces médicaments est donc limitée, et leurs contre-indications les rendent inaccessibles à de nombreux patients. « En deuxième ligne arrive la toxine botulique, qui fonctionne bien. Depuis l’année passée, elle est reconnue comme traitement de seconde ligne, remboursable pour le patient. »
Améliorer la qualité de vie
« La toxine botulique agit sur le versant présynaptique afin d’empêcher l’exocytose de certaines vésicules.Son action s’étend aussi au système nerveux autonome, en limitant la production des glandes. » Le principe ? Assécher les glandes salivaires à l’aide de cette toxine, avec des effets qui sont très bien contrôlés.
L’hypersalivation renvoie à un défaut de déglutition, ce qui fait que la salive s’accumule en amont parce que le sujet ne déglutit plus.
Concrètement, les injections sont effectuées directement dans quatre glandes, les parotides et les sous-maxillaires bilatéralement, par un neurologue et/ou un spécialiste ORL, sous contrôle échographique. Ces injections durent une dizaine de minutes à peine, et sont à répéter au maximum tous les quatre mois pour entrer dansles conditions de remboursement
La toxine botulique agit sur le versant présynaptique et permet d’assécher les glandes salivaires, avec des effets qui sont très bien contrôlés.
« Ce traitement fait partie d’une prise en charge globale et améliore nettement la qualité de vie générale du patient », affirme la Professeure Frédérique Depierreux. « Je pense que s’il n’y avait pas de réel gain de bien-être poureux, ils ne viendraient pas quatre fois par an à l’hôpital. Ils viennent, et c’est la preuve qu’il en vaut la peine. »
Une étude de l’Association européenne de la maladie de Parkinson a abordé la question de la salivation excessive :
■ 67 % des patients parkinsoniens interrogés ont indiqué qu’ils souffraient d’un flux salivaire excessif.
■ Plus de 50 % des personnes interrogées en souffraient fréquemment, voire continuellement.
■ Environ 45 % n’en avaient pas (encore) parlé à un médecin traitant ou une infirmière.
■ Seuls 27 % des répondants avaient déjà reçu un diagnostic.
■ Environ 40 % ont confirmé que la sentiment de gêne en société dû à ce problème était leur préoccupation principale au quotidien.
Témoignage
Symptôme très fréquent de la maladie de Parkinson, l’hypersalivation est difficile à vivre pour les patients. Pour Évelyne (prénom d’emprunt), le traitement a tout changé.
Diagnostiquée de la maladie de Parkinson en 2005, Évelyne, 81 ans, se bat depuis contre une série de symptômes invalidants, comme des problèmes de mobilité ou de langage. L’hypersalivation en est un autre. Pendant de longs mois, elle a souffert de ce symptôme désagréable, avant de bénéficier du traitement par injections, qu’elle suit depuis juillet dernier
Un plus pour la qualité de vie
« Je salive beaucoup moins depuis », nous confie-t-elle. « J’ose à nouveau aller à des manifestations, par exemple, ou discuter avec des amis toute une après-midi. Avant, la salive coulait tout le temps, c’était très gênant. Faire la cuisine était devenu très compliqué. Pour dormir aussi c’était embêtant, mon oreiller était toujours mouillé. » Pour elle comme de nombreux autres patients, le traitement par injections a marqué un tournant dans sa qualité de vie.
Le traitement est à réitérer tous les quatre mois, je ne trouve pas ça lourd et je me sens bien suivie.
« J’étais gênée dans ma vie sociale, face aux autres. J’essayais de le camoufler mais c’était parfois difficile.On me demandait toujours si j’avais mal aux dents, parce que je mettais une serviette sur ma bouche. »
« Je me sens bien suivie »
« Le traitement est un peu désagréable sur le moment-même, mais pas douloureux », précise notre interlocutrice.« Il est à réitérer tous les quatre mois, je ne trouve pas ça lourd. Et chez moi, l’effet tient plutôt bien jusqu’au bout des quatre mois. Je me sens bien suivie », conclut la patiente.
Pour plus d’informations sur la Maladie de Parkinson, rendez-vous sur : www.parkinsonasbl.be
Cette article a été réalisée en partenariat avec Merz Pharma Benelux B.V
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