Afin de détecter le cancer du col de l’utérus ou des formes de précancer, des techniques innovantes ont vu le jour. Les explications du Docteur Marc Fischer, anatomopathologiste, Chef du service de cytologie gynécologique au Laboratoire national de santé du grand–duché de Luxembourg.
Texte : Philippe Van Lil
Comment détecte-t-on le cancer du col utérin ?
Marc Fischer : « Pour détecter cette tumeur maligne du col de l’utérus, due essentiellement à l’infection du vagin par certains types de papillomavirus, il existe deux techniques traditionnelles. La première est le frottis cytologique, apparu dans les année 60. À l’aide d’une spatule, le gynécologue gratte des cellules sur le col de l’utérus, qu’il place sur une lame ou dans un liquide conservateur. Ensuite, le pathologiste les analyse au microscope pour vérifier si elles présentent des anomalies. La seconde est le test HPV – Human Papillomavirus. Sur les 200 types de papillomavirus présents dans le corps de la femme, 14 types à haut risque sont des précurseurs du cancer du col de l’utérus. »
Quel est l’intérêt de ce second test ?
M. F. : « Depuis les années 80, on sait que quasiment 100 % de ces cancers sont dus à une infection par l’un ces 14 types de virus. Il est donc logique de vouloir les détecter. Le test HPV a cependant ses limites car la grande majorité des femmes qui ont une infection à HPV, même à haut risque, guérissent spontanément et ne développent pas de cancer. Autrement dit, une femme positive à ce test n’aura pas forcément de cancer ou de risque de cancer. En outre, ce test ne permet pas toujours de détecter la présence d’un cancer ou d’un précancer ; lorsque la lésion est plus ancienne, il y a moins de particules virales et il est donc plus difficile de détecter leur présence. De même, employée seule, la cytologie passe à côté de cas car cette technique n’est pas assez sensible. »
Que préconisez-vous dès lors pour une détection plus efficace ?
M. F. : « Comme les deux tests pris séparément passent à côté de cas de cancer ou de précancer, nous avons opté, au grand-duché de Luxembourg, pour une technique plus innovante depuis 2017 : un cotesting alliant le test HPV et la cytologie. À côté de ça, la cytologie fait également des progrès : la société Hologic a développé le Genius Digital Cytology, un système approuvé par un marquage européen, que nous sommes en passe de valider au niveau national. »
Sur les 200 types de papillomavirus présents dans le corps de la femme, 14 types à haut risque sont des précurseurs du cancer du col de l’utérus.
En quoi consiste-t-il ?
M. F. : « Aujourd’hui, l’examen cytologique se fait encore au microscope optique. Avec cette nouvelle technique, on passe à un système digital qui associe une intelligence numérique puissante à une imagerie médicale avancée. Il scanne l’entièreté de la lame et, grâce à l’intelligence artificielle, classe les différentes images selon les types de cellules présentes, selon les anomalies présentes ou non dans les cellules et selon la présence ou non d’agents infectieux comme une mycose. »
Quels sont les bénéfices pour le patient ?
M. F. : « Le problème majeur de l’examen cytologique classique par microscope est de pouvoir détecter les rares anomalies parmi l’énorme quantité de lames. Le nouveau système évite très largement les faux négatifs c’est-à-dire les cas dans lesquels il y a quelque chose sur la lame mais que l’on ne l’a pas vu. Avec ce système bien plus sensitif, on trouve donc plus de lésions, on cible bien mieux et plus rapidement les patientes présentant des cellules anormales et on améliore la prise de décision concernant le traitement. »
Toutes ces techniques arriveront-elles bientôt en Belgique ?
M. F. : « Théoriquement, elles devraient arriver l’an prochain Belgique. La très grande majorité des laboratoires se montrent intéressés par ces techniques, dont le Genius Digital Cytology qui simplifie bien entendu fortement le travail des pathologistes. »
En chiffres…
– En Belgique, environ 1 % des femmes ont un cancer du col de l’utérus avant leurs 75 ans.
– Ce cancer y est responsable de quelque 190 décès par an.
– Près de 90 % d’entre eux pourraient être évités grâce à un dépistage régulier.
« Cet article a été établi avec le soutien d’Hologic »
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