Que ce soit en tant qu’assureur ou qu’employeur, AXA s’intéresse de près aux questions de santé, y compris mentale. À l’issue du premier confinement, la compagnie a donc lancé une enquête pour en évaluer les effets.
Texte : Philippe Van Lil
Serge Martin, Head of Life, Savings & Protection, nous en détaille les enseignements.
Quel bilan tirez-vous de votre enquête sur la santé mentale ?
Serge Martin : « Notre enquête porte sur un échantillon représentatif de 5.800 personnes en Europe, dont 600 en Belgique. Selon nos résultats, un tiers des Belges avait déjà connu un problème de santé mentale avant la crise, dont 6 % de la population qui se disaient très affectés. »
« Début juin, juste après la première vague, 17 % de la population, soit 2 millions de personnes, se déclaraient très affectées par la situation. Parmi celles-ci, 60 % n’avaient cependant jamais connu de problèmes de santé mentale auparavant. Globalement, partout en Europe, la souffrance mentale a triplé en raison de la crise sanitaire. »
De quels problèmes parle-t-on précisément ?
S. M. : « Ils sont particulièrement liés au stress du travail, à la sensation de ne plus avoir de contrôle, au manque de contacts sociaux et au difficultés financières. Les femmes se déclarent en moyenne plus touchées que les hommes par le stress, l’angoisse, le burnout et la dépression. Et les jeunes adultes se sentaient deux fois plus mal que les seniors. »
On aurait pu croire que les jeunes font preuve de plus de flexibilité et de résilience…
S. M. : « … Oui, si ce n’est que ce public a dû travailler à domicile avec des enfants car les écoles étaient fermées. Il s’agit aussi de personnes financièrement plus faibles que les gens plus âgés et donc plus stressées à l’idée de perdre leur emploi. »
Comment les gens réagissent-ils face à leurs problèmes psychiques ?
S. M. : « Un grand tabou persiste autour de la santé mentale. Ce sont des problématiques que l’on garde souvent bien cachées. Parmi les gens très affectés, 40 % ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide ; 50 % disent ne pas pouvoir payer un soutien psychologique ; seuls 10 % font appel à des professionnels. Il y a cependant un point positif qui ressort : 90 % des gens estiment malgré tout avoir bien réagi face à la crise sanitaire. »
C’est étonnant car actuellement on entend un très grand nombre de personnes en grande difficulté…
S. M. : « Nos constats ont été réalisés juste après la première vague. Ils ne couvrent donc pas la deuxième vague en cours, une période très lourde pour la santé mentale. »
Quels services mettez-vous à disposition de vos assurés ?
S. M. : « Nous proposons notamment un service de téléconsultation psychologique, soit par téléphone soit par ordinateur. Auparavant, nous avions déjà introduit un tel service de téléconsultation avec un médecin généraliste pour nos clients. Les téléconsultations peuvent être prises sous la forme de rendez-vous ou avoir lieu en urgence. »
Lorsqu’on analyse les sinistres, une grande partie trouve leur origine dans des facteurs psychologiques comme la dépression ou le burnout.
« Dans ce dernier cas, nos clients ‘santé’ ont accès à une assistance psychologique dans les 30 minutes, l’objectif étant de fournir une aide de première ligne et, le cas échéant, d’orienter les gens vers un traitement. »
D’autres aides sont-elles proposées ?
S. M. : « Nous avons également mis en place un projet lié aux assurances collectives de revenu garanti en cas de maladie ou d’accident. Lorsqu’on analyse les sinistres, une grande partie de ceux-ci trouve leur origine dans des facteurs psychologiques comme la dépression ou le burnout. »
« Le projet consiste en un trajet de réinsertion au travail des personnes en incapacité pour des raisons de santé mentale. Cela se fait via une approche multidisciplinaire où peuvent intervenir des psychologues, des médiateurs, des diététiciens, etc. Au final, tout le monde sort gagnant : l’employé, l’employeur et l’assureur. »