L’inclusion des personnes avec handicap dans le marché du travail est un enjeu sociétal dans lequel l’administration entend montrer l’exemple.
Comment comptez-vous atteindre cet objectif ?
Peter Samyn, Président du Comité de direction du Service public fédéral (SPF) Sécurité sociale : « Nous regardons cette problématique de manière holistique en dehors des cases fictives des différentes organisations compétentes et niveaux de pouvoir. Un ensemble de 145 mesures ont été établies en collaboration avec l’ensemble des ministres et secrétaires d’État, soutenues par les organisations représentatives des personnes en situation de handicap. Ces mesures visent à remédier aux obstacles rencontrés par les personnes handicapées dans tous les aspects de la vie sociale et professionnelle. Toutes ces mesures sont groupées et suivies dans un plan d’action fédéral Handicap 2021-2024. En parallèle, chaque service public fédéral a pour objectif de recruter des personnes handicapées à hauteur de minimum 3% de son effectif. »
Ben Smeets, Directeur général de la DG Recrutement et développement (SPF BOSA) : « Notre but est de faire de l’administration fédérale un employeur attrayant et représentatif. À cet effet, des campagnes d’information et de sensibilisation sont mises sur pied à destination du grand public. En supplément, nous avons adaptés nos tests de sélection, avec par exemple des soutiens visuels ou auditifs pour des candidats malvoyants ou malentendants. En fonction de certains handicaps, le temps de réponse peut également être allongé. Nous testons donc les mêmes compétences pour chacun, mais avec une capacité d’adaptation. »
Pourtant, encore trop peu de personnes atteintes d’un handicap postulent. Comment expliquer ce constat et comment y remédier ?
Ben Smeets : « Les causes sont multiples : le système éducatif peu inclusif (les personnes handicapées disposent moins souvent d’un diplôme du supérieur), la crainte de pertes d’allocations spécifiques lorsqu’elles prennent un emploi, la difficulté liée à l’utilisation des transports publics, le problème de l’adaptation des postes de travail… »
Peter Samyn : « Il n’y a pas seulement l’enjeux d’attirer les personnes en situation de handicap mais aussi de comment les accueillir une fois engagés. Comment l’intégration dans l’équipe peut se dérouler de manière souple en respectant les talents et les besoins de chacun. La grande diversité des individus en situation de handicap fait en sorte qu’il n’y a pas de solution unique pour tous. Comment s’organiser pour une bonne communication au quotidien entre une personne sourde-muette et ses collègues ? Des mesures au cas par cas doivent être prises en avec expertise spécifique concernant les types de handicap et les mesures à prendre. Nous avons l’ambition de déveloper cette expertise d’avantage dans notre organisation et de la partager avec les autres organisations demandeur, un centre d’expérience à ce sujet nous semble nécessaire. »
À mi-parcours de la mise en oeuvre de ce Plan Handicap, une cinquantaine de mesures ont déjà été implémentées.
Ben Smeets : « Par ailleurs, des recrutements pour des fonctions contractuelles sont possibles, afin de permettre de faire connaissance avec l’employeur fédéral, ainsi qu’avec le lieu de travail et le contenu de la fonction. Ce qui ouvre ensuite la possibilité de passer les tests pour devenir statutaire. Cette démarche donne aux personnes handicapées l’occasion de se rendre compte des opportunités d’emplois au SPF et de la valeur ajoutée qu’elles peuvent y apporter. On se trouve dans une situation sociétale qui exige d’augmenter la diversité. C’est notre devoir d’inclure toutes les personnes dans l’administration publique fédérale et d’être une exemple pour d’autres. Nous voulons installer un effet de boule de neige car la diversité et l’inclusion démontrent son effets sur la créativité et l’innovation.»
Une évolution qui doit également se traduire dans les évaluations et l’accompagnement des personnes en situation de handicap ?
Peter Samyn : « Notre DG Personnes Handicapées est aussi responsable pour les procédures de reconnaissance du handicap. En ce moment, nous changeons complètement notre ancienne approche médicale. Les évaluations du handicap ne s’organiseront plus purement d’un point de vue médical mais bien par des équipes multi-disciplinaires où, en plus des médecins, des kinés, des psychologues, des ergothérapeutes, des assistants sociaux…, sont également concertés.
On est aussi conscients du fait que les procédures et l’administration pour les personnes en situation de handicap ne sont pas évidentes. C’est pourquoi, nous recrutons aussi plus d’assistants sociaux qui accompagnent ces personnes de manière individuelle, pour les aider, entre autres, à faire face à ce problème fréquent de non-recours aux droits. De cette manière, elles sont épaulées pour établir un dossier complet et être mieux informées.
À mi-parcours de la mise en œuvre du Plan Fédéral Handicap, une cinquantaine de mesures ont déjà été implémentées. On ne peut que se réjouir de la motivation des ministres concernés et des administrations, et les budgets alloués à cet objectif nous permettent de mener cette mission à bien. C’est un défi commun qui ne peut réussir uniquement si tous les acteurs unissent leurs forces. »