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Une maison pour s’extirper de la toxicomanie

En collaboration avec
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Ouverte en 1999, la Maison d’accueil socio-sanitaire (MASS) de Bruxelles propose un lieu d’écoute et de prise en charge transdisciplinaire pour permettre aux usagers de drogues de sortir du cercle infernal de la consommation. Au sein de la vingtaine de travailleurs de la MASS bruxelloise, Vincent Clapuyt est coordinateur.

Vincent Clapuyt

coordinateur

MASS

Sur base de quelle réflexion a été créée la MASS ?

Vincent Clapuyt : « Dans les années 1990, les grandes villes belges constataient une exclusion toujours plus importante des publics précarisés et souffrant de toxicomanie. À cause de freins sociaux, psychologiques, mais aussi administratifs, ces personnes ne parvenaient pas jusqu’aux systèmes classiques de prise en charge. La consommation de drogues devenait un véritable enjeu de santé publique, surtout en zone urbaine. Le système de soins manquait d’un chainon adapté aux personnes cumulant des vulnérabilités psycho-médicosociales. Les pouvoirs publics se sont mis autour de la table et sont venus avec le modèle des MASS. Aujourd’hui, on compte neuf maisons du type réparties en Flandre, en Wallonie et dans la capitale. Le travail mené par nos structures est pris en charge par la mutuelle. On fonctionne au forfait, un peu à la manière des maisons médicales, ce qui enlève un frein financier pour certains consommateurs qui n’accèdent pas à la première ligne de soins. »

Votre mission première est donc de rétablir l’accès aux soins ?

V. C : « Sur le terrain, on se présente en tant que services de soins ambulatoires bas seuil. Le principe « bas seuil » permet de prendre en charge une personne qui nécessite des soins dans l’urgence en limitant les freins auxquels il fait face avec les réseaux d’aide et de soins « classiques », comme être en ordre de mutuelle, pouvoir payer une consultation. Même se présenter à l’heure à un rendez-vous chez un médecin généraliste peut être un frein chez un public précarisé. Et aujourd’hui, le « bas seuil » est désigné aussi par une posture d’accueil spécifique. Une personne qui vit en rue accumule des frustrations, du stress, des insécurités. Elle a besoin de déposer son vécu et ses émotions lorsqu’elle arrive chez nous, ce qui se traduit parfois par des comportements de survie qui peuvent être hostiles mais qui lui servent de bouclier. Il faut pouvoir se mettre à la hauteur de chaque bénéficiaire et prendre le recul nécessaire. Tout en gardant l’humain au centre de notre travail. Le problème avec la toxicomanie, c’est que les personnes usagères de drogues sont complètement déconsidérées. On doit les amener à recouvrer leur estime de soi. »

On accueille les personnes sans leur imposer un des injonctions de soin, mais plutôt en se questionnant avec elles sur la manière dont on peut réduire les risques liés à leur consommation.

Quel travail menez-vous sur le terrain ?

V. C : « v. On lui propose de voir un médecin pour qu’il puisse déjà ressortir avec une première prescription de traitement. Par la suite, nous menons un travail d’accompagnement avec lui. Lorsqu’on se trouve en situation de précarité, ce qui dépasse la seule question de la toxicomanie, il est très difficile d’en sortir. C’est un cercle vicieux : ne pas avoir de logement complique la recherche d’emploi, et inversement. L’accompagnement sur le long terme est essentiel car la précarité est faite de hauts et de bas. On essaie d’adoucir cette courbe et viser le bien-être de la personne. Mais en tant que travailleurs sociaux, pour alléger la charge mentale de notre quotidien, on doit garder les pieds sur terre et se sortir de la tête qu’on va être capable de sauver la personne directement. »

Dans le cadre de l’assuétude, un pair-aidant est une personne qui a été dépendante à la drogue et qui a pu concrétiser ce qu’on nomme le « rétablissement ».

Qu’est-ce que la pair-aidance ?

V. C : C’est une des dernières pratiques que nous avons ajoutée à nos services. La pair-aidance est basée sur le principe du partage d’expérience entre pairs. Concrètement, dans le cadre de l’assuétude, un pair-aidant est une personne qui a été dépendante à la drogue et qui, après avoir suivi un parcours de soins, a pu concrétiser ce qu’on nomme le « rétablissement ». Nous travaillons avec eux sur le terrain, ce qui permet à l’ensemble de l’équipe, médecins, infirmiers ou encore psychologues, de mieux décoder certaines situations. Leur connaissance du vécu permet vraiment aux usagers de s’identifier, de réduire la stigmatisation qui entoure la toxicomanie. »

Témoignage

Jean-François, pair-aidant à la MASS de Bruxelles

J’ai été consommateur de drogues dures pendant vingt ans et j’ai bénéficié pendant un temps de la prise en charge de la MASS. Lorsque je m’en suis sorti, plusieurs évènements personnels m’ont amené à suivre une formation pour devenir travailleur social. Chemin faisant, j’ai postulé à la MASS et je suis devenu pair-aidant. On tisse un lien puissant avec celles et ceux qu’on accompagne car on sait qu’on a vécu la même problématique. Au quotidien, c’est très valorisant de pouvoir faire exister un espoir de rétablissement chez ces gens.

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