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Covid-19

Quelles solutions à l’avenir pour les maisons de retraite ?

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Stefaan Gielens, CEO d’Aedifica

Stefaan Gielens

CEO

Aedifica

En Belgique comme ailleurs, près de la moitié des décès liés au Covid-19 ont eu lieu dans les maisons de retraite.

Texte : Philippe Van Lil – Photo : Eberhard Grossgasteiger (Unsplash)

Stefaan Gielens, CEO d’Aedifica, une société belge spécialisée en immobilier de santé, avance des pistes pour éviter une catastrophe de cette ampleur à l’avenir.

Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire au sein des maisons de retraite ?

« Même si nous n’avons pas suffisamment de recul par rapport à cette crise, nous pouvons déjà épingler plusieurs points. Tout d’abord, en dépit du niveau de mortalité élevé parmi les personnes âgées en comparaison aux autres tranches d’âge de la population, le secteur des maisons de retraite se comporte fort bien. »

« Nonobstant les cas qui ont attiré l’attention des médias et dans lesquels il y a eu des problèmes spectaculaires, la plupart des opérateurs ont réussi à empêcher le virus de pénétrer dans les murs des maisons de retraite. Et, en cas de contamination, ils ont réussi à bien gérer la situation et à éviter la propagation du virus. »

Des mesures pourraient-elles néanmoins être prises pour éviter les cas spectaculaires auxquels vous faites référence ?

« Plusieurs débats à ce propos sont en cours en ce moment. Le premier porte sur la taille des maisons de retraite. Certaines personnes pensent que plus la structure est petite, plus la protection des résidents contre les virus est efficace. »

« Déjà avant la crise sanitaire, des opérateurs pensaient que, pour le bien-être des personnes âgées, il valait mieux avoir des communautés plus petites. Le Covid-19 pourrait renforcer cette tendance. Au sein des maisons de retraite de grande taille, des unités bien séparées pourraient voir le jour. »

La digitalisation constitue-t-elle aussi une partie de la solution ?

« Oui, dans la mesure où elle contribue à améliorer la qualité des soins et à résoudre un problème de personnel, qui constitue le plus grand défi du secteur. Les caméras permettent par exemple de surveiller les chambres et de détecter rapidement une personne en difficulté. »

Déjà avant la crise, des opérateurs pensaient que, pour le bien-être des personnes âgées, il valait mieux avoir des communautés plus petites.

« D’autres technologies sont à même de mesurer à, distance la température des résidents en temps réel, sans intervention humaine et donc sans risque d’infection du personnel. Ces technologies, qui existent déjà, devraient prendre de l’ampleur à l’avenir. »

Investir dans de telles mesures relance le débat du financement du secteur…

« Il y a bien évidemment un lien très fort entre la qualité des soins dans les maisons de repos et leur financement. En Belgique, comme dans la plupart des pays d’Europe continentale, ce financement est collectif, donc imputable à la sécurité sociale. »

« Face à la crise sanitaire, la première réaction des autorités politiques a été de faire le maximum pour s’assurer que les hôpitaux puissent la gérer. Tous les efforts ont donc été orientés vers ce secteur-là. En revanche, les mêmes efforts n’ont pas été consentis pour garantir un matériel de sécurité à destination du personnel et des résidents des maisons de retraite. Cette prise de conscience rouvrira très certainement le débat. »

Comment évoluera le marché immobilier des maisons de retraite dans les prochains mois ?

« Pour le moment, la priorité des maisons de retraite est de lutter contre le virus, pas d’investir dans leur croissance. Cela étant, une fois la crise sanitaire passée, l’ambition sera toujours là ! La réalité du marché augmentera les besoins d’investissements, notamment dans des maisons de retraite médicalisées. »

« Cette réalité n’est en rien liée à la crise actuelle du coronavirus ; elle s’explique principalement en raison du vieillissement de la population et de son degré de dépendance. En revanche, le moment de la reprise dépendra du financement et de l’impact macro-économique du virus. »

« Pour l’heure, aussi longtemps qu’il n’y a pas de vaccin contre ce virus, on assistera à une plus grande médicalisation des maisons de retraite, avec des procédures sanitaires renforcées. »

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