Fragilisés par des années de restrictions budgétaires, nos hôpitaux alertent : sans moyens adaptés, la prise en charge des malades chroniques et l’accès aux nouvelles technologies médicales vont se dégrader.
La marge de manœuvre financière des hôpitaux est désormais inexistante. Pour survivre, ils doivent faire des économies drastiques, parfois au détriment de la qualité des soins.
Le budget fédéral 2026 confirme cette tendance avec une nouvelle économie de 50 millions d’euros sur le dos des hôpitaux. Appliquée à des structures déjà sous-financées, elle risque d’entraîner le report de nombreux investissements, le gel d’embauches et, dans certains cas, la fermeture de services.
La marge de manœuvre financière des hôpitaux est désormais inexistante. Pour survivre, ils doivent faire des économies drastiques, parfois au détriment de la qualité des soins.
Les conséquences sont lourdes. Moins de personnels signifie moins de temps consacré aux patients, une charge accrue pour les équipes et donc, une dégradation progressive de la qualité des soins. Les malades chroniques sont particulièrement menacés. Leur prise en charge, qui nécessite une coordination continue et des ressources spécifiques, devient de plus en plus difficile. Le risque de fragmentation de leurs parcours de soins est réel de même que l’aggravation des inégalités d’accès, alors même que le vieillissement de la population annonce un tsunami de patients chroniques.
Face à ces défis, les innovations telles que la télémédecine, l’intelligence artificielle ou les soins intégrés sont freinées par des coûts initiaux élevés et des financements insuffisants. L’écart entre les ressources et les besoins ne cesse de se creuser, menaçant la modernisation du système hospitalier. Or, la digitalisation représente un levier crucial pour améliorer l’accès aux soins et répondre aux exigences de demain.
Si rien ne change, la situation financière précaire des hôpitaux, couplée à des besoins croissants, pose la question de la pérennité même du système de santé belge. Le temps presse : il est indispensable que les autorités adoptent une vision d’investissement claire et ambitieuse, sur 5 ans minimum, pour garantir la qualité, l’innovation et l’accessibilité des soins à tous.

Philippe Devos
Directeur général UNESSA