La réduction de volume pulmonaire (LVR), qu’elle soit endoscopique, chirurgicale ou envisagée avant une transplantation, peut offrir une véritable bouffée d’air aux patients atteints d’emphysème sévère.

Dr Kris Carron
AZ Delta

Dr Olivier Taton
HUB Bruxelles

Em. Prof. Geert M. Verleden
MD, PhD, FERS UZA
Pourtant, en Belgique, beaucoup arrivent trop tard dans les centres spécialisés. Les variations de référence et les inégalités d’accès ont finalement poussé la Société belge de pneumologie à publier une nouvelle ligne directrice nationale. Objectif : clarifier, structurer et uniformiser les parcours.
« Beaucoup de collègues qui ne sont pas dans le domaine de la LVR ont des difficultés à identifier les bons candidats », constate le Dr Kris Carron, spécialiste de la réduction bronchoscopique. Cette méconnaissance a un effet direct sur les patients. Le Dr Olivier Taton, pneumologue à Erasme, le voit au quotidien : « Si on se compare à nos voisins, nous traitons trois fois moins de patients qu’au Royaume-Uni. Beaucoup arrivent trop tard pour bénéficier pleinement des traitements. » Le Prof. Geert Verleden, expert en transplantation au sein de l’UZA (Anvers), formule le même constat : « Des patients ne sont même pas référés parce que leur médecin pense, parfois à tort, qu’ils ne sont pas de bons candidats. »
Une guideline née d’un besoin clair
« Il fallait quelque chose à l’écrit, un document que les pneumologues puissent consulter rapidement », explique le Dr Taton. Au-delà de l’aspect pratique, la guideline vise à corriger une erreur fréquente : croire que c’est au médecin référent de choisir le traitement. « On réfère pour un traitement interventionnel », rappelle-t-il. « C’est ensuite le centre expert qui discute, en réunion multidisciplinaire, de la meilleure option. »
Pour le Prof. Verleden, la guideline sert aussi de garde-fou contre les exclusions hâtives : « Une comorbidité, un âge limite ou un sevrage tabagique récent ne suffisent pas toujours à éliminer un patient. En cas de doute, il faut nous appeler. »
La rédaction du texte n’a pas été marquée par de grands débats, mais plutôt par des ajustements successifs. « C’était surtout du fine tuning », résume le Dr Carron. Les centres de référence collaborent déjà étroitement, ce qui a facilité l’élaboration d’un consensus. Les chirurgiens, les pneumologues et les équipes de transplantation ont travaillé de concert pour produire un document cohérent et adapté à la réalité du terrain.
Des objectifs très concrets
La guideline vise avant tout à assurer une identification plus précoce des patients et une équité d’accès entre régions. Elle fournit aux cliniciens un cadre clair pour déterminer, en quelques minutes, si un patient mérite d’être adressé. « Cela permet de voir rapidement si l’emphysème est trop avancé ou si d’autres options comme la transplantation doivent être envisagées », détaille le Dr Carron.
Pour les patients, cette standardisation pourrait changer le rapport au parcours de soins. « Aucun de ces traitements n’est une urgence », rappelle le Dr Taton. « Il faut du temps, des examens, de la réhabilitation. Une référence anticipée permet au patient de comprendre l’enjeu, de rencontrer l’équipe et d’impliquer son entourage. »
Même si le document complet est dense, il a été pensé pour être utilisable. « Une version résumée serait encore plus pratique », suggère le Dr Carron, qui voit régulièrement des collègues présenter leurs cas en réunion virtuelle.
Vers un futur riche en innovations
Les trois experts anticipent une transformation rapide de la prise en charge : vapeurs thermiques ciblées, combinaisons endoscopie–chirurgie, nouvelles techniques en développement. Mais pour en faire bénéficier les patients, ils doivent entrer plus tôt dans la filière. « Les options se multiplient, mais elles n’ont de sens que si les patients arrivent à temps », insiste le Prof. Verleden.
Les recommendations et les outils pratiques, dont un schéma de parcours et une check-list, sont accessibles via la Société belge de pneumologie. Et le message des experts est unanime : lorsqu’un patient BPCO emphysémateux sévère « pourrait » convenir, il faut le référer. C’est là que commence véritablement le travail des centres experts.
Participants au développement du projet
Eric Marchand
François Carlier
Geert Verleden
Kris Carron
Laurens Ceulemans
Maarten Vander Kuylen
Olivier Taton
Reinier Wener
Robin Vos
Stephanie Everaerts
Wim Janssens
Cet article est financé par Pulmonx
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