Le CHwapi est le seul centre reconnu par l’INAMI en province de Hainaut pour pratiquer la chirurgie complexe de l’œsophage. Le Dr Philippe Hauters, chirurgien digestif, nous décrit comment s’y déroule la prise en charge des patients.
Texte : Philippe Van Lil
Dr Philippe Hauters
Chirurgien digestif
CHWapi
Quels types d’interventions ont lieu dans votre centre ?
Philippe Hauters : « Il s’agit essentiellement de pathologies oncologiques. Seul un tiers des patients avec un cancer de l’œsophage ou de la jonction œso-cardial sont opérables. En Belgique, en moyenne 380 patients sont opérés par an pour ce type de pathologie. »
Les opérations de l’œsophage ont essentiellement trait à la chirurgie oncologique. En Belgique, on opère quelque 380 patients par an pour un cancer de l’œsophage.
Comment se passe la prise en charge des patients ?
Ph. H. : « Nous avons optimisé le chemin clinique des patients. La mise au point est accélérée, un scanner thoraco-abdominal et un PET-Scan sont par exemple réalisés endéans la semaine qui suit le diagnostic du cancer. Ceci permet d’orienter très rapidement le patient vers soit une chirurgie d’emblée (pour les petites tumeurs), soit vers une chirurgie après traitement néoadjuvant (pour les tumeurs plus avancées non-métastatiques) ou encore vers un traitement non-chirurgical. »
Que se passe-t-il ensuite ?
Ph. H. : « Les patients candidats à la chirurgie bénéficient d’une prise en charge multidisciplinaire avec notamment un soutien nutritionnel et psychologique. Ils sont vus en consultation par un des deux anesthésistes de notre équipe spécialisés dans ce type de chirurgie. Une préhabilitation est réalisée systématiquement chez les patients ayant bénéficié d’un traitement néoadjuvant. Ce programme inclut des séances de kiné spécifiques pendant 4 semaines entre la fin du traitement néoadjuvant et la date de la chirurgie. En raison de sa durée, ce programme ne peut pas être proposé aux patients opérables d’emblée. Cette approche augmente les capacités fonctionnelles des patients, ce qui permet de diminuer les complications médicales postopératoires. Tous les patients sont hospitalisés cinq jours avant l’opération pour une désinfection ORL, une préparation digestive et une kiné respiratoire intensive. »
Quelle est l’opération la plus courante ?
Ph. H. : « Près de 80 % des patients opérés présentent une tumeur qui se développe à partir de cellules glandulaires. Dans ce cas particulier, elle est située dans le tiers inférieur de l’œsophage. L’opération standard consiste en une ablation œsophagienne quasi totale. Le temps abdominal visant à tubuliser l’estomac est réalisé par laparoscopie, l’extraction de la tumeur et le rétablissement de la continuité digestive avec l’estomac ascensionné sont réalisés par thoracotomie droite. »
Vu que vous êtes le seul centre hennuyer habilité en matière de chirurgie de l’œsophage, avez-vous des collaborations avec d’autres hôpitaux ?
Ph. H. : « Nous travaillons en collaboration avec divers hôpitaux du Hainaut. Nous avons signé des conventions de partenariat avec le CHR de Mouscron, le Grand Hôpital De Charleroi et l’Hôpital de Jolimont. D’autres partenariats pourraient suivre. »