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Des progrès considérables dans la prise en charge des affections rhumatismales

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Le diagnostic et les possibilités de traitement des affections rhumatismales se sont nettement améliorés, de sorte que les patients peuvent aujourd’hui continuer de vivre normalement, pour autant que le diagnostic soit posé à temps. Entretien avec le Prof. Dr Dirk Elewaut, chef du service de Rhumatologie de l’UZ Gent.

Texte : Joris Hendrickx

Prof. Dr Dirk Elewaut, chef du service de Rhumatologie de l’UZ Gent.

Prof. Dr Dirk Elewaut

Chef du service de Rhumatologie

UZ Gent

Quelles sont les principales évolutions sur le plan du traitement des affections rhumatismales ?

«  Il y a trente ans, les options pour le traitement des patients souffrant d’affections rhumatismales étaient limitées, et l’on recourait très souvent à une corticothérapie de longue durée. Il va sans dire que la réponse thérapeutique n’était pas très concluante. De ce fait, les rhumatismes étaient insuffisamment contrôlés chez une grande partie des patients, ce qui entraînait des dégâts articulaires importants. »

« Actuellement, nous pouvons également détecter les rhumatismes beaucoup plus tôt, ce qui explique que les dégâts structurels sont généralement beaucoup moins nombreux, et que les déformations graves sont devenues rares. Une autre observation frappante est que, depuis l’introduction de cette nouvelle génération de médicaments antirhumatismaux, le nombre d’hospitalisations pour des problèmes rhumatologiques a chuté de façon spectaculaire. »

Quelles sont les différences entre les hommes et les femmes ?

« Il est frappant de constater qu’il existe un biais de genre dans de nombreux tableaux cliniques rhumatologiques. Ainsi, la polyarthrite rhumatoïde est nettement plus fréquente chez les femmes. Mais c’est également le cas de bien d’autres maladies auto-immunes. La spondylarthrite ankylosante est nettement plus fréquente chez les hommes. La spondylarthrite ankylosante correspond à un stade avancé de spondylarthrite axiale, avec énormément de dégâts structurels visibles sur les radiographies et les IRM. Ici, l’inflammation chronique du rachis, plus typiquement au niveau de la jonction entre le rachis et le bassin, entraîne des lésions tissulaires et une néo-ostéogenèse. Dans sa forme la plus extrême, qui est heureusement devenue rare, ceci entraîne une ossification complète de la colonne vertébrale. » 

Grâce à l’amélioration de l’imagerie, les perspectives sont élargi.

« Les formes précoces de spondylarthrite axiale sont aussi fréquentes chez les femmes que chez les hommes, mais, à terme, les hommes semblent souvent développer plus de dommages structurels que les femmes. On suppose que des différences dans le système immunitaire et le degré d’activité physique sont à l’origine de ces écarts. »

D’où vient donc l’idée que la spondylarthrite axiale est plus fréquente chez les hommes ?

« Jusqu’il y a 10-15 ans, nous n’avions pas encore la même expérience ni le même accès à l’utilisation de l’IRM, de sorte que la spondylarthrite axiale était beaucoup plus souvent décrite chez les hommes que chez les femmes. C’est simplement dû au fait que leur affection était déjà avancée, et que les dommages étaient déjà beaucoup plus marqués. » 

« Ce n’est que plus tard, grâce à l’amélioration de l’imagerie, que nous avons constaté que la spondylarthrite axiale était tout aussi fréquente chez les femmes, avec des symptômes globalement comparables. Ceci a élargi les perspectives, et l’on y prête aujourd’hui beaucoup d’attention dans le cadre de la formation médicale. De ce fait, tous les collègues sont maintenant bien informés et il n’y a plus de retard de diagnostic chez les femmes. »

On a constaté des différences entre le système immunitaire masculin et féminin.

Comment se fait-il que les patients souffrant de spondylarthrite axiale ne soient parfois diagnostiqués que tardivement ?

« Avant, des retards de diagnostic chez les personnes atteintes de spondylarthrite axiale se produisaient, tout simplement parce que les maux de dos peuvent avoir beaucoup de causes. De ce fait, il fallait un certain temps avant que les médecins ne songent à la spondylarthrite axiale. À l’heure actuelle, la situation en Europe est correcte à cet égard. Cependant, en cas de spondylarthrite axiale, il nous arrive encore régulièrement de voir des patients qui souffrent déjà depuis deux ans. En effet, la douleur varie souvent en intensité, de sorte qu’on l’associe d’abord à d’autres problèmes. »

Est-il vrai que les hommes ont plutôt des symptômes axiaux, et les femmes, des symptômes périphériques ?

« Nous avons maintenant une vaste cohorte nationale de patients atteints de spondylarthrite axiale. Dans les formes précoces, la répartition entre hommes et femmes est assez égale. Nous ne pouvons donc pas dire que les femmes présentent davantage de symptômes périphériques. Par ailleurs, l’impact de la maladie sur la qualité de vie est comparable entre les hommes et les femmes. »

« On a toutefois constaté des différences entre le système immunitaire masculin et féminin. Dans cette optique, il est donc certainement intéressant d’examiner de manière plus approfondie, dans le cadre d’études expérimentales et observationnelles, dans quelle mesure les différences éventuelles entre les hommes et les femmes peuvent s’expliquer biologiquement. »

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