Environ 30 % des Belges souffrent d’allergies diverses. Focus sur deux de celles-ci avec Philippe Rombaux, professeur ordinaire et chef de service du département ORL des Cliniques Saint-Luc : l’asthme allergique et la rhinite allergique.
Texte : Philippe Van Lil
En quoi consistent ces deux allergies respiratoires ?
« Les symptômes typiques de la rhinite allergique, qu’on appelle en fait la rhino-conjonctivite allergique, sont une obstruction nasale, un écoulement du nez aqueux (rhinorrhée antérieure aqueuse), des crises d’éternuement, un chatouillement nasal (prurit nasal). Elle peut aussi induire des troubles de l’odorat et, rarement, une rhinorrhée postérieure. Dans la majorité des cas, la rhinite allergique s’accompagne d’une conjonctivite. L’asthme allergique se caractérise, pour sa part, par des difficultés respiratoires en périodes de haute concentration de pollen dans l’air. »
Quel est l’impact de la rhinite allergique sur le quotidien des patients ?
« Lorsque cette allergie est présente moins de quatre semaines par an et chaque fois moins de quatre jours, on dit qu’elle est intermittente. Dans le cas contraire, elle est persistante. Entre 60 et 70 % des patients ont des rhinites allergiques persistantes et intenses, ce qui impacte le sommeil, le travail, les loisirs etc. Le patient ayant une rhinite allergique intermittente – qui, typiquement, apparaît un ou deux jours après la tonte d’une pelouse – est généralement soigné par des antihistaminiques. Les rhinites persistantes sont soignées surtout par des corticoïdes topiques qui n’agissent qu’au niveau de la muqueuse nasale. »
S’agit-il ici d’un traitement anti-inflammatoire de fond ?
« Oui. Lorsque les allergènes atteignent la fosse nasale, ils entraînent des réactions chimiques, en particulier la libération de l’histamine. On lutte contre celle-ci par des antihistaminiques. Des cytokines et des interleukines sont également libérées ; cette libération est inhibée par la prise de corticoïdes topiques. »
À partir de quand recoure-t-on à l’immunothérapie ?
« Pour les personnes allergiques, la première ligne de traitement est d’éviter les allergènes afin de développer moins de symptômes. La deuxième est de choisir entre les antihistaminiques et les corticoïdes, ainsi qu’un collyre pour les yeux en cas de conjonctivite. Si le patient présente de l’asthme, on recourt souvent à une thérapie de corticoïdes inhalés. La troisième ligne de traitement, c’est l’immunothérapie, dont l’avantage majeur est de diminuer les interleukines et surtout de faire fabriquer des anticorps anti-pollen par notre corps. Autrement dit, elle stimule notre système immunitaire contre les allergènes. »
Entre 60 et 70 % des patients ont des rhinites allergiques persistantes et intenses, ce qui impacte le sommeil, le travail, les loisirs etc.
Pour quels patients l’immunothérapie est-elle indiquée ?
« Surtout pour les jeunes qui n’ont pas encore d’asthme, typiquement les adolescents et jeunes adultes qui ont une rhinite allergique importante, par exemple aux acariens, et qui n’ont pas encore fait d’asthme. Cela leur permet d’éviter l’asthme par la suite. Vu qu’en Belgique, l’immunothérapie coûte cher et n’est pas remboursée, on y a recours généralement que lorsque le patient présente une seule allergie bien spécifique, comme une allergie soit aux acariens, soit aux graminées, soit aux poils de chien, soit à des arbres comme le noisetier, l’aulne ou le bouleau. »
Ces traitements sont-ils aisés ?
« L’immunothérapie existe depuis plus de 50 ans. Auparavant, elle se donnait essentiellement par piqûres, ce qui entraînait souvent des complications comme des réactions allergiques ou des chocs anaphylactiques. Puis, elle fut donnée en gouttes sublinguales mais le traitement était compliqué en raison de dosages différenciés. Aujourd’hui, on recourt à des pastilles sublinguales, avec le même dosage tout le temps. C’est devenu très simple. Ce traitement doit être suivi au moins trois ans pour avoir un effet. »