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L’acide folique a un impact sur la formation du fœtus

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Lorsqu’on désire tomber enceinte, il est indispensable de préparer son organisme à la conception du fœtus. Le Professeur Pierre Bernard, Chef de Service Adjoint au sein du Service Obstétrique des Cliniques Universitaires Saint Luc, est formel : la prise d’acide folique durant l’embryogenèse prévient les risques de malformations du tube neural.

Tekst: Diane Theunissen

Pr Pierre Bernard

Chef de Service Adjoint

Service Obstétrique des Cliniques Universitaires Saint Luc

Quel est l’impact de l’acide folique sur la grossesse ?

Pierre Bernard : « Le principal intérêt de l’acide folique est de prévenir des malformations du tube neural, telles que la non-fermeture du tube lors de l’embryogenèse. En effet, cela peut entrainer des anomalies de la moelle épinière et avoir des conséquences neurologiques graves – en tout cas dans le bas du corps, en termes de mobilité et de fonctions urinaires, fécales et sexuelles. Dans les cas les plus graves, il peut également y avoir des conséquences neurologiques centrales. 

Chez les patientes qui ont déjà eu un premier cas d’un fœtus avec une anomalie du tube neural, la prise d’acide folique va réduire le risque de récidive de 50 % à 70 %. 

Ces malformations touchent une grossesse sur mille, mais la prise d’acide folique va réduire ce taux : dans les populations qui ont l’habitude d’en prendre, l’incidence est moindre. Chez les patientes qui ont déjà eu un premier cas d’un fœtus avec une anomalie du tube neural, la prise d’acide folique va réduire le risque de récidive de 50 % à 70 %. »

Qu’est-ce que l’acide folique ?

P. B : « L’acide folique est aussi appelé vitamine B9. On le trouve dans beaucoup d’aliments, comme les petits pois, les épinards, les brocolis, ou encore les arachides. Malheureusement, certaines personnes (10 % de la population) présentent un déficit enzymatique qui réduit le taux d’acide folique dans l’organisme. Cette condition peut favoriser, entre autres, les anomalies du tube neural. Ces anomalies sont d’origine plurifactorielles : des facteurs génétiques et environnementaux jouent aussi un rôle dans la survenue du spina bifida. Mais la chose sur laquelle on peut agir directement, c’est l’acide folique. »

Afin qu’il y ait un taux suffisant d’acide folique au moment de l’embryogenèse, il est conseillé de commencer à en prendre un ou deux mois avant la conception.

Quand faut-il commencer à en prendre ?

P. B : « Afin qu’il y ait un taux suffisant d’acide folique au moment de l’embryogenèse, il est conseillé de commencer à en prendre un ou deux mois avant la conception. L’embryogenèse commence dès la fécondation, et se termine à la dixième semaine d’aménorrhée, en tout cas pour la colonne vertébrale. Il est donc important d’avoir un bon taux d’acide folique dans le sang dès le début de la grossesse. On conseille également aux femmes enceintes de continuer la prise d’acide folique pendant le premier trimestre afin de couvrir largement cette période d’embryogenèse. 

Les complexes poly-vitaminés que l’on recommande aux patientes comprennent la dose d’acide folique recommandée. Les patientes peuvent prendre uniquement de l’acide folique lorsqu’elles ne sont pas encore enceintes et un complexe poly-vitaminé incluant l’acide folique pendant la grossesse. La dose recommandée est de 0,4mg ; c’est la dose que l’on retrouve dans les vitamines disponibles sur le marché, ainsi que dans les complexes poly-vitaminés prévus pour la femme enceinte. »

Est-il important de consulter des professionnels de la santé avant la conception ?

P. B : « Oui. L’idéal, c’est que toutes les femmes qui projettent une grossesse fassent une consultation préconceptionnelle. L’acide folique est l’une des raisons de faire cette consultation, mais il y en a beaucoup d’autres : s’assurer que la fonction thyroïdienne soit bonne, par exemple. La thyroïde est un organe important pour l’embryogenèse, et les désordres de thyroïde sont très fréquents chez les jeunes femmes. »

« Mais on peut être asymptomatique. C’est pour cela qu’il faut faire une prise de sang, et s’assurer également de ses immunités (rubéole, toxoplasmose, cytomégalovirus, etc.). Il est très important de savoir avant la grossesse si l’on est protégé ou pas afin de prendre les précautions adéquates une fois enceinte. »

« Pour les femmes qui ont une maladie chronique telle que le diabète, il est capital que la maladie soit stable avant la conception afin de diminuer les risques durant la grossesse. Parfois, il faut également adapter les traitements des patientes atteintes de certaines maladies, comme l’épilepsie pour laquelle il existe d’autres traitements efficaces mais moins à risque pour le fœtus. »

09/2021

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