La douleur est un phénomène « créé » par le cerveau. N’y aurait-il pas moyen de duper celui-ci et de lui « faire croire » que la douleur n’existe pas ? C’est le principe de la neuromodulation. Mais les patients souffrant de douleurs neuropathiques chroniques ne sont pas les seuls visés par cette technique, qui peut être employée dans le traitement de nombreuses autres affections.
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Dr Jean-Pierre Van Buyten
chef de service du Centre de la douleur
AZ Nikolaas
La sensation de douleur est générée quand le cerveau reçoit un signal de la moëlle épinière. C’est sur la base de ce constat, relativement simple, que des chercheurs se sont interrogés : ne pourrions-nous pas perturber ou interrompre ce signal ? « C’est parfaitement possible, » affirme le Dr Jean-Pierre Van Buyten, chef de service du Centre de la douleur de l’AZ Nikolaas.
« Un neurostimulateur est un petit appareil que nous implantons dans le corps et qui peut administrer, à travers des électrodes, des impulsions électriques au niveau des voies nerveuses. Nous pouvons ainsi empêcher ces impulsions d’arriver jusqu’au cerveau. Un peu comme si nous dupions notre cerveau. »
Chaque racine nerveuse étant reliée à une partie spécifique du corps, les médecins peuvent déterminer avec une grande précision le type de douleur à inhiber.
L’avantage des neuromodulateurs, c’est qu’il est possible de les tester avec une grande rigueur avant de les implanter.
La neuromodulation connaît par ailleurs bien d’autres applications. Le nombre d’affections pour lesquelles la technique est mise à profit ne cesse d’augmenter. À ce jour, elle bénéfice aussi, par exemple, aux patients souffrant de troubles moteurs, de la maladie de Parkinson, de problèmes vésicaux et intestinaux », d’acouphènes (bourdonnements d’oreilles), et même de dépression.
« Les dispositifs ont fortement évolués depuis leur mise sur le marché dans les années 60. Depuis le 1er juillet 2021, nous disposons d’une forme de courant unique, le BurstDR™, qui offre aux patients, non seulement le contrôle de la douleur physique, mais aussi la prise en charge du volet émotionnel de cette douleur très invalidante . Le grand avantage de cette technique, c’est que le cerveau s’y habitue beaucoup moins facilement, car elle repose sur un tout autre concept de stimulation. »
La technique de neuromodulation présente déjà de nombreux avantages, comme le souligne le Dr Van Buyten. « Elle n’a pas les effets secondaires des antidouleurs, par exemple, ce qui est inestimable. Les douleurs neuropathiques, mon domaine d’expertise, sont par définition très difficiles à soulager avec un traitement médicamenteux. Un deuxième avantage des neuromodulateurs, c’est qu’il est possible de les tester avec une grande rigueur avant de les implanter. Le patient peut donc expérimenter son efficacité et, s’il est satisfait, l’implantation est programmée. Mais si l’appareil ne lui donne pas satisfaction, on arrête tout et on n’a rien fait d’irréversible. »
Il n’est donc pas étonnant que la Belgique compte déjà un très grand nombre de porteurs de neuromodulateurs.
« Je n’ai pas les chiffres précis, mais il doit y en avoir plusieurs milliers, » estime le Dr Van Buyten. « Rien que chez nous, nous en plaçons déjà quelque deux cents par an. Attention, l’appareil n’est pas vraiment bon marché. Mais son rapport coût/efficacité est excellent. La qualité de vie retrouvée par le patient est très bonne. »
« Et en plus : un patient dont la douleur l’empêche de travailler coûte, à terme, bien plus à la communauté que l’achat d’un neuromodulateur. Il est dès lors regrettable que les mutuelles n’interviennent pas toujours dans le remboursement du dispositif, mais seulement dans quelques affections précises telles qu’un syndrôme douloureux régional complexe (SDRC) des membres inférieurs, un failed back surgery syndrôme (FBSS) réfractaire ou un failed neck surgery syndrôme (FNSS) réfractaire avec un syndrôme douloureux neuropathique démontré. En Allemagne et au Royaume-Uni, par exemple, le remboursement est beaucoup plus étendu. »
Malgré tout, le Dr Van Buyten prévoit une augmentation du recours à la neurostimulation dans les années qui viennent, y compris en Belgique.
Le traitement de demain ? Intervenir sur le système nerveux central sans effets secondaires !
« Le traitement de demain ? Intervenir sur le système nerveux central sans effets secondaires ! » s’exclame-t-il. « Sans oublier que la technologie va continuer à s’améliorer, que les appareils sont de plus en plus petits et que la durée de vie des batteries ne cesse de s’allonger. Je vois par ailleurs de plus en plus de petites start-ups s’intéresser à la technique. Vous avez naturellement les grands fournisseurs traditionnels, des entreprises comme Abbott, mais des petites sociétés s’affairent elles aussi à imaginer de nouvelles thérapies prometteuses avec les neuromodulateurs. Souvent pour des indications entièrement inédites, comme les apnées du sommeil. »