En tant qu’entreprises privées, les sociétés pharmaceutiques ne peuvent bien sûr pas se permettre de fonctionner à perte. Pour autant, on ne peut pas non plus considérer les médicaments comme de banals produits commerciaux.
Sabine Corachan
Chargée de projet Médicaments et implication des patients dans la recherche en santé
LUSS
« Selon une étude du Centre fédéral d’expertise en soins de santé (KCE) réalisée en 2020, l’accès aux soins de santé reste problématique pour certains patients », rappelle Sophie Lanoy, Directrice politique de la Ligue des usagers des services de santé (LUSS). « Pour des raisons financières, ils renoncent à ces soins, contraints de satisfaire leurs besoins de base. L’accès à l’information et la complexité administrative constituent aussi des obstacles. »
Sabine Corachan, Chargée de projet Médicaments et implication des patients dans la recherche en santé au sein de la LUSS, ajoute un autre élément : « Régulièrement, les firmes pharmaceutiques arrêtent la commercialisation de certaines molécules anciennes, jugées non rentables, sans qu’il y ait d’alternative utile. Les patients pour qui ces molécules étaient nécessaires à leur traitement le vivent bien sûr difficilement. »
Prix gonflés artificiellement
« Certaines entreprises arrêtent parfois la production de médicaments pour en pousser de nouveaux qu’il est possible de vendre à des prix plus élevés », dénonce encore Sophie Lanoy. « Une entreprise peut gonfler ses prix car elle bénéficie d’une situation de quasi-monopole. La taille du marché peut aussi jouer : on rembourse en France des médicaments qui ne le sont pas en Belgique. »
« Dans des cas extrêmes, une firme détermine le prix d’un médicament sans qu’il existe un lien objectif entre ce tarif et les coûts de recherche et de production. Elle table sur les attentes de la société et des autorités pour, en quelque sorte, ‘avaler la pilule’. Aux États-Unis, le coût d’un traitement de la société Gilead pour l’hépatite-C était si élevé que l’investigation par le Sénat américain a permis de stimuler une réduction de son prix », conclut Sabine Corachan.