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Insuffisance cardiaque : des solutions pour soutenir les patients

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L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique grave et même un problème de santé publique majeur. D’année en année, elle touche de plus en plus de Belges. Heureusement, les patients bénéficient de solutions thérapeutiques pour y faire face.

Frédéric Vanden Eynden

Chirurgien cardiaque

Hôpital Erasme

Anne-Catherine Pouleur

Chef de Clinique Cardiologie

UCL Saint-Luc

En Belgique, quelque 240.000 personnes sont sujettes à l’insuffisance cardiaque, soit 2 % de la population. D’emblée, le Professeur Anne-Catherine Pouleur, Chef de Clinique Cardiologie à l’UCL Saint-Luc, tire la sonnette d’alarme : « La prévalence de la maladie augmente avec l’âge. Or la population vieillit. En conséquence, le nombre de patients ne cesse de croître. » 

En Belgique, quelque 240.000 personnes sont sujettes à l’insuffisance cardiaque, soit 2 % de la population.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul sujet d’inquiétude : « Quand on parle d’insuffisance cardiaque, les patients ne sont pas toujours conscients, à l’inverse des cancers, des signaux d’alerte de la maladie – comme de l’essoufflement ou des pieds gonflés – et de sa gravité. Enfin, le pronostic des personnes très symptomatiques est de 50 % de mortalité dans les cinq ans. Et, souvent, les patients ne sont hospitalisés que lorsque le pronostic est déjà très mauvais. »

Premiers stades de la maladie

Les traitements médicamenteux permettent à un patient en insuffisance cardiaque d’améliorer le fonctionnement du cœur lorsque celui-ci n’est pas encore trop endommagé et, en conséquence, de réduire les hospitalisations et la mortalité. Lorsqu’il est déjà fortement impacté, le cœur n’est cependant plus capable d’assumer sa fonction mécanique dans la circulation sanguine. Heureusement, il existe aujourd’hui des solutions pour soutenir les patients, aussi bien dans les premiers stades que dans les stades avancés de la maladie. Il s’agit respectivement des systèmes CardioMEMSTM HF System et la pompe cardiaque HeatMate3 (également appelé LVAD).

Depuis peu, les systèmes d’assistance cardiaque sont remboursés pour tout le monde et plus seulement pour les patients en attente de transplantation.

Comme le précise notre interlocutrice, « le CardioMEMSTM HF System est un outil de monitoring, en forme de papillon, pas plus grand qu’une pièce de 2 euros. Il est implanté dans l’artère pulmonaire et est connecté à un système électronique, qui ressemble à un oreiller, sur lequel le patient doit s’étendre une minute par jour. Ceci permet de transmettre quotidiennement au corps médical les mesures de pression pulmonaire. Si celles-ci augmentent, on sait que le patient fera un épisode aigu de décompensation, avec de la rétention d’eau, et d’agir beaucoup plus précocement par rapport à certains problèmes comme l’apparition d’œdèmes ou une prise de poids. »

Stades avancés de la maladie 

Lorsque le patient est très malade, le traitement ultime est la transplantation cardiaque. En Belgique, on en effectue ainsi environ 70 à 80 par an. Cependant, le temps d’attente pour un nouveau cœur peut atteindre deux ans. Dans l’intervalle, les patients peuvent bénéficier du système LVAD – pour « pour Left Ventricular Assist Device » ou « Dispositif d’assistance ventriculaire gauche ».

Le LVAD, comme la pompe cardiaque HeartMate3 assure une circulation sanguine optimale et un débit cardiaque normal. Comme l’explique Frédéric Vanden Eynden, Chirurgien cardiaque à l’Hôpital Erasme, « il s’agit d’une pompe implantée dans le thorax. Le sang est propulsé par un système d’ailettes et d’électro-aimants depuis le système circulatoire. Comme pour tout système mécanique, l’alimentation doit être fournie par une batterie connectée. Le patient peut alors se déplacer et mener une existence tout à fait normale. » Anne-Catherine Pouleur ajoute : « Ce système redonne effectivement une qualité de vie au patient, qui va en outre remuscler son cœur en faisant de l’exercice physique. En fin de compte, lorsque la transplantation a lieu, le patient arrive dans de meilleures conditions. »

Un remboursement bienvenu

Jusqu’ici, ces systèmes d’assistance cardiaque étaient remboursés uniquement pour les patients en attente d’une transplantation cardiaque. Aujourd’hui les patients non éligibles pour la transplantation cardiaque, car trop âgés par exemple, peuvent également en bénéficier.

« Aujourd’hui, ma qualité de vie est nettement meilleure. »

Grâce au Système CardioMEMSTM HF System, Achilles Fierens (77 ans) mène une vie relativement sans souci malgré son insuffisance cardiaque. Il a en effet vu sa qualité de vie s’améliorer considérablement. Son cardiologue suit son état de santé au quotidien et, si nécessaire, peut adapter le traitement.

L’insuffisance cardiaque d’Achilles est apparue après une longue série de problèmes cardiaques. En 2005, son médecin a constaté un rythme cardiaque irrégulier, qui a ensuite évolué vers une fibrillation atriale et une fuite des valves cardiaques. Une opération a permis de résoudre ces problèmes. Mais en 2020, une analyse sanguine a révélé une insuffisance cardiaque. « J’avais une fraction d’éjection réduite. La fraction d’éjection est un pourcentage qui exprime la quantité de sang que le cœur éjecte à chaque battement. Lorsqu’elle est inférieure à 40 %, on parle d’insuffisance cardiaque. »

Selon la classification de la NYHA, la gravité de la maladie d’Achilles se situe entre la classe II et la classe III, une situation qui ne nécessite pas une transplantation cardiaque. Sa maladie doit toutefois être suivie. « C’est pour cette raison qu’en 2021, le Système CardioMEMSTM HF System a été implanté via l’artère pulmonaire. Ce dispositif se compose d’un détecteur de pression sans fil et d’un système de mesure qui ressemble à un coussin. Chaque jour, je me couche sur ce « coussin » pendant quelques minutes et l’appareil mesure la pression de remplissage de mon cœur. »

Les données sont ensuite transmises aux cardiologues de l’UZ Leuven. Ce suivi offre à Achilles tranquillité d’esprit et certitude. « Si les médecins remarquent une modification, ils adaptent mon traitement, déclare-t-il. J’ai l’assurance que mon insuffisance cardiaque ne s’aggrave pas et je parviens à garder la maladie sous contrôle. Je peux prendre ma vie en main. De plus, ma qualité de vie est meilleure, car je dois me rendre moins souvent à l’hôpital pour des visites de contrôle. Par ailleurs, la mesure quotidienne de mes paramètres me rappelle que je dois respecter scrupuleusement mon traitement, faire attention à mon alimentation et bouger suffisamment. »

« Je dois la vie à cette assistance cardiaque. »

Lorsqu’en raison d’une inversion de la position de ses organes, une transplantation cardiaque s’est avérée impossible chez Eddy Meeus (60 ans), le Left Ventricular Assist Device (LVAD, dispositif d’assistance ventriculaire gauche) a été avancé comme solution. L’assistance cardiaque a changé sa vie.

Eddy était essoufflé, mais il a d’abord pensé à un rhume. Son épouse lui a cependant conseillé de consulter un pneumologue. « Après avoir passé des tests, j’ai dû aller chez le cardiologue. En effet, ce n’était pas mes poumons qui posaient problème, mais mon cœur. Je souffrais d’insuffisance cardiaque chronique : la fonction de pompage de mon cœur fonctionnait moins bien. » La seule solution pouvant sauver la vie d’Eddy était une transplantation cardiaque. « Mais je ne remplissais pas les conditions, à cause d’un situs inversus : la position de mes organes est inversée en miroir dans mon corps. Mon foie, par exemple, se trouve à gauche au lieu de se trouver à droite, explique Eddy. »

Le Left Ventricular Assist Device (LVAD), un appareil qui soutient la fonction de pompage du cœur, a été proposé comme solution. « Chez la plupart des patients, cette solution est temporaire, en attendant la transplantation. Pas chez moi. Je devrai le porter pour toujours. L’appareil pèse moins de deux kilos, la batterie est rechargée pendant la nuit et je dois surveiller les paramètres chaque jour. Au début, l’aide de l’hôpital a été essentielle. Depuis, j’ai confiance en l’appareil et en moi. »

La vie d’Eddy a considérablement changé depuis qu’il porte le LVAD. « Avant l’opération, ma qualité de vie s’était énormément dégradée. Grâce à l’assistance cardiaque, j’ai pu reprendre mes activités d’autrefois, comme faire du sport et aller en vacances. Je peux aussi travailler à temps plein et j’ai à nouveau une vie sociale. J’ai appris à vivre avec le LVAD, à accepter l’appareil. Il n’est plus mon ennemi, mais mon ami. Je suis plus que jamais conscient que je lui dois la vie. »

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