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Le rôle de la nutrition dans la prise en charge de l’autisme

Pesticides, exhausteurs de goûts, additifs à gogo… Pour Flore Echinard, nutritionniste, le mal du siècle se trouve bien dans l’assiette. Notre alimentation moderne agresse sans cesse notre intestin. Mais la communauté scientifique commence à s’intéresser aux liens entre nutrition et développement de pathologies chroniques comme le trouble du spectre autistique (TSA).

Flore Echinard

Nutritionniste

« En matière de nutrition, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, déclare Flore Echinard. La machine humaine tente d’éliminer le plus gros des substances nocives pour notre corps lors de la digestion, via l’intestin. Mais chez les personnes souffrant d’un trouble du spectre autistique, on observe régulièrement que l’intestin ne joue plus correctement son rôle de filtre et devient poreux. » Une dégradation de la barrière intestinale favorisée par les rigidités alimentaires chez certains enfants autistes ainsi que par une alimentation ultra-transformée. « Ces mêmes substances ne sont plus éliminées par voie fécale ou urinaire, mais passent dans la circulation sanguine et traversent donc, aussi, la barrière cérébrale, ce qui peut contribuer à entretenir un brouillard cérébral chez les personnes vivant avec un trouble autistique. »

Chez les personnes souffrant d’un trouble du spectre autistique, on observe régulièrement que l’intestin ne joue plus correctement son rôle de filtre et devient poreux.

De l’importance de prendre soin de son microbiote

Le microbiote intestinal constitue le plus grand réservoir de bactéries de l’organisme humain. De plus en plus de travaux mettent en évidence son rôle essentiel dans la digestion et soulignent aussi l’importance de l’axe intestin-cerveau, un réseau de communication nerveuse établi entre l’intestin et le cerveau. Mais alors comment veiller à la santé de son microbiote ? « Tenir une alimentation la moins transformée possible est la première étape clé pour entretenir l’ensemble des micro-organismes – bactéries, virus et autres champignons non pathogènes – présents dans notre microbiote, explique la nutritionniste. Le moins industriel et le plus d’aliments bruts possible. On essaie de consommer des farines de blés anciens plutôt que de blés modernes, car ces derniers contiennent du gluten en bien plus grande quantité et attaquent la muqueuse de l’intestin. À la longue, c’est comme si on utilisait du papier de ver sur la paroi intestinale. »

En améliorant la base alimentaire, on peut engendrer en cascade des améliorations significatives et s’insérer dans une prise en charge pluridisciplinaire du TSA.

Ensuite, il s’agit de consommer des probiotiques. En la matière, il y a deux voies à investiguer. « Les aliments naturellement riches en probiotiques que l’on peut ajouter à notre alimentation : chou fermenté, kimchi, cornichon, fromages à pâte dure comme le parmesan ou le comté, ou encore des boissons comme le kombucha. Mais après une gastroentérite, la prise d’antibiotiques, voire une période de stress intense, le déséquilibre intestinal peut parfois être trop important. La prise de compléments alimentaires probiotiques devient alors cruciale. »

En pharmacie ou sur les officines en ligne, on trouve pléthore de suppléments probiotiques. Problème : « il existe beaucoup de probiotiques de pauvre qualité qui n’ont pas été testés scientifiquement », regrette Flore Echinard. En attendant la mise sur pied d’une base de données qui regrouperait les probiotiques référencés, la spécialiste en nutrition recommande de toujours vérifier la transparence du fabricant ainsi que l’origine des souches de bactéries choisies. Des essais cliniques menés sur l’homme sont également gage d’une meilleure qualité. « Certains probiotiques ont d’ailleurs été testés chez des enfants autistes et ont obtenu des résultats intéressants. Le mieux est de s’informer auprès des professionnels de santé. »

Actuellement, le TSA tend à ne plus être stigmatisé comme ‘maladie incurable’. « Bien que de plus en plus d’études commencent à objectiver l’importance de la nutrithérapie sur le traitement de l’autisme, certains plus puristes au sein de la communauté scientifique ne prêtent pas encore attention à cette médecine holistique », indique la nutritionniste. « Pourtant, dans la mesure où les échanges intestinaux ne sont pas de qualité, il est certainement plus difficile d’optimiser les traitements médicamenteux administrés aux personnes atteintes du spectre autistique. L’axe intestin-cerveau est primordial et en améliorant la base alimentaire, on peut engendrer en cascade des améliorations significatives et s’insérer dans une prise en charge pluridisciplinaire du TSA. »

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