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Pertes de sang (sur)abondantes et/ou douleurs pelviennes intenses pendant les règles ? Un fibrome utérin pourrait en être la cause.

Le fibrome utérin est la tumeur – non cancéreuse – la plus fréquente chez les femmes. Il s’agit d’une accumulation de tissus fibro-musculeux qui se développe dans la paroi utérine. Certaines femmes n’ont pas de symptômes, tandis que d’autres ont des saignements menstruels abondants, voire des troubles de la fertilité ou des douleurs pelviennes. Heureusement, il existe des traitements efficaces.

Les principaux symptômes du fibrome utérin sont des saignements abondants – dans un peu moins de la moitié des cas -, des douleurs dans la région pelvienne, une sensation de lourdeur pelvienne, une compression de la vessie avec envie plus fréquente d’uriner et une compression des intestins avec constipation. Comme le précise le Dr Stavros Karampelas, chef de clinique de gynécologie au CHU Brugmann, « les douleurs ressenties en périodes de règles et/ou des saignements anormaux sont cependant les éléments qui ont le plus d’impact sur la qualité de vie de certaines patientes. Elles ne peuvent plus mener une vie normale. »

Prévalence élevée

Toutefois, environ la moitié des femmes atteintes de fibromes utérins ne présentent aucun symptôme spécifique. A noter aussi que certaines patientes peuvent souffrir de multiples fibromes utérins, avec des conséquences relativement sévères. Les fibromes utérins peuvent également être responsables d’une infertilité, de difficultés à concevoir, d’avortements spontanés, des complications lors de la grossesse ou d’accouchements difficiles.

La prévalence des fibromes utérins est relativement élevée et augmente avec l’âge, l’origine ethnique étant par ailleurs un facteur déterminant. À 35 ans, la probabilité d’avoir un fibrome utérin est de 40 % parmi les Européennes et de 60 % parmi les Africaines. À 50 ans, on passe à 70 % chez les Européennes et à plus de 80 % chez les Africaines. Le fait d’avoir été réglée pour la première fois avant 12 ans constitue un autre facteur de risque. L’hérédité et une obésité éventuelle le sont également.

Divers traitements

Face à cette tumeur, divers traitements sont envisageables. Il est bien sûr impératif de se renseigner auprès de son médecin pour connaître le traitement le plus approprié selon les cas.

Un premier traitement est la procédure mini-invasive. Elle consiste, par exemple, à injecter de petits granulés synthétiques dans les veines qui alimentent les fibromes utérins en sang. Cela bloque l’apport sanguin et réduit la taille du fibrome utérin.

Dans le cas d’une intervention chirurgicale, on peut choisir d’enlever les fibromes utérins ou de retirer tout ou une partie de l’utérus. Avec la première option, la femme conserve la possibilité d’avoir des enfants. Cette opération est généralement réalisée par une chirurgie dite « en trou de serrure » – laparoscopie ou robot -, mais nécessite parfois une large incision.

Traitements médicamenteux

Les traitements médicamenteux sont souvent préférés, étant donné les complications potentielles qui peuvent survenir avec les options invasives mentionnées ci-dessus. Ainsi, les anti-inflammatoires ont un effet bénéfique sur les symptômes de la douleur; l’acide tranexamique peut également supprimer quelque peu les pertes de sang.

Pour leur part, les contraceptifs hormonaux, tels que la pilule ou le stérilet, peuvent être utilisés pour supprimer les symptômes tels que les saignements abondants. Les anti-inflammatoires et ces contraceptifs hormonaux n’auront toutefois qu’un effet temporaire ou seront insuffisants chez de nombreuses patientes, du fait qu’ils n’agissent pas sur le volume ou la croissance des fibromes utérins.

Un autre médicament ayant des effets à court terme, ce sont les modulateurs sélectifs des récepteurs de la progestérone (SPRM). Ce médicament agit sur la façon dont l’organisme traite l’une des hormones qui stimule la croissance des fibromes utérins et réduit les fibromes utérins existants. En raison de ses effets indésirables potentiels sur le foie, l’utilisation de ce médicament est limitée aux femmes chez qui les options d’embolisation et/ou de traitement chirurgical sont inappropriées ou ont échoué.

La GnRH

Les analogues de la GnRH constituent une autre option médicamenteuse possible. Ils peuvent être soit agonistes, soit antagonistes. Les agonistes de la GnRH sont des injections mensuelles qui réduisent les fibromes utérins et corrigent l’anémie. « Ils ont une efficacité prouvée, mais ils entraînent des effets secondaires similaires aux effets de la ménopause. Ils peuvent en outre provoquer de l’ostéoporose, des symptômes vasomoteurs typiques de la ménopause comme des bouffées de chaleur, de l’insomnie ou des changements d’humeur », relate notre interlocuteur. Par conséquent, ce traitement n’est pas largement utilisé pour le traitement à long terme des fibromes utérins.

En revanche, « du côté des GnRH antagonistes, il y a une nouveauté : il en existe à présent sous la forme de pilules à administrer par voie orale une fois par jour. Ils permettent de diminuer, voire d’arrêter les saignements, de soulager les douleurs pelviennes et d’améliorer la qualité de vie globale sans avoir les effets négatifs des GnRH agonistes. Le traitement peut être utilisé pendant une longue période, ce qui permet d’éviter la chirurgie dans de nombreux cas. Le médicament existe sous forme de pilule avec une « thérapie d’appoint », soit une faible dose d’œstrogène et de progestérone pour supprimer les effets secondaires de la ménopause.

« En Belgique, ce type de médicament est commercialisé depuis le mois d’août et peut être prescrit aux femmes adultes an âge de procréer souffrant de symptômes modérés à sévères des fibromes utérins. Les antagonistes de la GnRH ont un effet positif important sur le volume des saignements et la qualité de vie des patientes. Ce sont également les seuls dont l’indication est le traitement des symptômes des fibromes utérins et qui peuvent être utilisés à long terme. » conclut le médecin.

2022-202, date de révision 10/2022

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