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Santé Féminine

Femmes enceintes : à partir de quand se faire vacciner ?

Pour sa propre santé comme pour celle de son futur enfant, la femme enceinte se demande systématiquement s’il est nécessaire de se faire vacciner. Le Covid 19 n’a fait que renforcer cette interrogation. Le Professeur Frédéric Debiève, gynécologue-obstétricien, chef du service d’obstétrique et responsable de l’Unité Maternal Intensive Care (MIC) des Cliniques universitaires Saint-Luc, apporte des réponses nuancées.

Professeur Frédéric Debiève

gynécologue-obstétricien

Cliniques universitaires Saint-Luc

Pour la femme enceinte, y a-t-il des bénéfices spécifiques à se faire vacciner ?

Professeur Frédéric Debiève : « De manière générale, pour la future mère elle-même, les bénéfices de la vaccination sont les mêmes que pour toute autre personne en dehors de la grossesse. Cependant, par le biais des vaccins, les anticorps IgG vont passer chez l’enfant, et ce d’autant plus que la surface placentaire est importante et donc que la grossesse avance. Le nouveau-né bénéficiera de cette protection durant un à deux mois après la naissance, en attendant qu’il reçoive lui aussi éventuellement une vaccination. Il essentiel de rappeler que le but d’une vaccination est de se protéger contre une maladie ou d’alléger ses effets. Son intérêt dépend essentiellement de la prévalence de la maladie dans une région donnée, ainsi que des risques éventuels de complications liés à cette maladie ou plus rarement au vaccin. D’un côté, il ne faut donc pas exiger le vaccin pour tout le monde ; de l’autre, il ne faut pas médire la vaccination et faire en sorte que personne ne vaccine. »

Qu’en est-il par exemple du vaccin contre la grippe ?

Pr F. D. : « Il illustre parfaitement ce qui vient d’être dit : la situation varie en fonction de la prévalence de la maladie et des risques de complications. Elle est très fréquente, mais les complications sévères sont rares, sauf chez certaines patientes avec comorbidités. Dans le cas de la femme enceinte, il faut en plus analyser l’importance de ces paramètres tant chez elle que chez le futur enfant. Comme dans la population générale, le vaccin contre la grippe n’est généralement indiqué que pour les patients qui ont une pathologie associée, comme une pathologie pulmonaire, un diabète déséquilibré ou le fait d’être sous immunodépresseur à cause d’une maladie chronique. »

D’un côté, il ne faut donc pas exiger le vaccin pour tout le monde ; de l’autre, il ne faut pas médire la vaccination et faire en sorte que personne ne vaccine.

Le même raisonnement vaut-il pour le vaccin contre la coqueluche et celui contre le Covid ?

Pr F. D. : « Le principe est le même. La coqueluche évolue aussi par épidémies et les cas varient selon les pays. En Belgique, c’est une maladie peu fréquente et avec peu de conséquences. Pour ce qui est du Covid, la situation a évolué  : il n’est plus conseillé de se faire vacciner, car les nouvelles variantes du virus n’aboutissent quasiment plus à des cas graves comme des insuffisances respiratoires ; les cas de Covid actuels ressemblent plus à une ‘simple’ grippe. Si jamais il y a un jour une mutation du virus le rendant à nouveau très agressif, il est évident que le vaccin sera à nouveau indiqué, étant donné le risque d’atteinte respiratoire sévère, comme observé en début d’épidémie et où la vaccination a été essentielle. »

Y a-t-il des maladies pour lesquelles la vaccination est conseillée ?

Pr F. D. : « Oui. C’est le cas pour lutter contre le virus respiratoire syncytial (RSV), bien plus présent que la coqueluche en Belgique, en particulier en hiver et au début du printemps. Le vaccin est donc indiqué aux femmes qui accoucheront à ces périodes-là, d’autant plus que les bébés qui naissent prématurément sont très vulnérables à ce virus. Il n’est cependant pas nécessaire de vacciner une femme qui accouchera par exemple en juillet. Toutefois, le vaccin contre le RSV n’est pas gratuit et la firme n’a pas encore communiqué sur son indication formelle en Europe ; une demande de remboursement devrait être introduite. À nouveau, il est important d’évaluer la balance bénéfices-risques  ; une publication récente montre un risque légèrement accru d’accouchement prématuré chez les patientes vaccinées, il serait donc prudent de ne pas administrer ce vaccin avant 32 semaines. »

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